Dans les rues de Ha Noi, on peut facilement rencontrer des groupes de musiciens chantant pour gagner de l’argent. Ils sont, pour la plupart, des jeunes qui n’ont pas honte de leur métier qui est considéré comme vulgaire par les Vietnamiens.
Un groupe de chanteurs de rue
Être chanteur de rue est désormais un métier qui n’est plus seulement destiné aux personnes en difficulté. De nombreux jeunes le pratiquent pour gagner leur vie.
Luu Van Dông, lorsqu’il habitait au Thanh Hoa, a fait de nombreux métiers comme pêcheur, ouvrier, vendeur de jus de canne à sucre... Lui et sa femme qui ont deux enfants, ne possédaient que 1.500 m² de rizière, ce qui ne dégage pas suffisamment de revenus pour scolariser leurs enfants.
Ils ont donc décidé d’aller à Ha Noi pour gagner plus d’argent. Sa femme a ouvert une petite boutique de boissons. Quant à Dông, grâce à un don inné, il a décidé de devenir chanteur de rue. Avec sa voix douce et claire, il enchante les clients des restaurants.
«Je fais ce métier depuis deux ans. Notre groupe comprend trois personnes. Chaque jour, nous pouvons gagner jusqu’à un million de dôngs en moyenne, 1,5 million au plus. Et nous sommes fiers de notre métier. Nous sommes chanteurs, pas mendiants. Si quelqu’un nous donne de l’argent, nous lui offrons quelques stylos, des bonbons, des cure-dents...», a confié Dông, «D’abord, j’étais très confus, car on pensait que ce métier n’était pas destiné à un homme de bonne santé comme moi. Mais maintenant, je me suis habitué à ce genre d’attitude».
Comme Dông, Nguyên Van Chinh, 34 ans, du Thanh Hoa aussi et ayant également une bonne voix, a choisi ce métier après avoir eu des problèmes financiers. «Ce métier n’exige pas seulement une bonne voix. Les chanteurs de rue doivent avoir une très bonne santé, car chanter toute la journée en marchant est éprouvant. Parfois, ils devraient chanter de nombreuses chansons différentes lorsqu’ils rencontrent des clients ivres qui les sollicitent continuellement dans les restaurants», a expliqué ce chanteur de plus de 10 ans d’expérience.
En outre, son groupe se produit également pour des occasions plus spéciales telles que mariages, inaugurations ou ouvertures de magasins ou d’entreprises, anniversaires... Il travaille de 18h00 à 23h00 tous les jours, sauf les jours de pluie et ceux où l’un des membres du groupe est malade. Chaque jour, ils gagnent de 800.000 à plus d'un million de dôngs.
Les rues sont la scène de ces artistes
Pour ces artistes, gagner de l’argent n’est pas le seul but. Ce sont également de grandes passions de musique. «Dans mon village natal, plusieurs personnes ne comprennent pas et ont des préjugés contre mon métier. Ma femme, qui ne pouvait pas supporter leurs ragots et qui n’acceptait pas non plus mon métier, m’a quitté. Mais ma passion pour le chant m’a aidé à supporter tout cela, et j’ai continué ce métier», a confié Chinh.
De même, Nguyên Van Duong, 20 ans, qui habite à Ninh Binh, a expliqué avoir été l’assistant de chanteurs célèbres, avant de décider de quitter ce bon travail pour devenir chanteur de rue. «Chacun a sa propre inclination, pour moi, ce métier n’est pas seulement un moyen de gagner sa vie, il est aussi une passion. Je veux chanter mes chansons préférées devant les gens dans la rue, ne dépendre de personne, en n’ayant pas besoin de scène… J’aime mon métier !», s’exclame-t-il.
Il faut dire que les exemples de chanteurs de rue célèbres qui prouvent que ce n’est pas un métier vulgaire ne manquent pas, tels Hotboy kẹo kéo, Bùi Vinh Phuc, ou encore Nguyên Trong Nghia alias le «Dan Nguyên de la rue»...