Trois concerts en hommage au compositeur français d’origine vietnamienne Nguyen Thien Dao ont été organisés les 8, 9 et 10 avril dans les villes de Maisons-Alfort, de Choisy-le-Roi et de Paris, sous l’égide de l’ambassade du Viet Nam.
Le programme a réuni l’Ensemble polyphonique de Choisy-le-Roi, l’Ensemble vocal Hop ca Que huong, la soprano Michiko Takahashi, l’alto Maria Kondrashkova, le ténor Ronan Meyblum...
Lors de ces représentations, sous la direction du chef d’orchestre Laurent Boer, les artistes ont interprété trois œuvres que sont le magnificat de Johann Sebastian Bach, "Linh Giác" de Nguyen Thien Dao et un concerto pour 2 violons de Antonio Vivaldi.
Ce programme musical est né de la rencontre de l’Ensemble vocal Hop ca Que huong, de l’Ensemble polyphonique de Choisy-le-Roi et du compositeur Nguyen Thien Dao lors de l’Année croisée Vietnam-France 2014. L’idée d’une commande à Nguyen Thien Dao s’est développée après une première interprétation de la cantate historique vietnamienne "Le Chant de la Garde-frontière". La connaissance de l’œuvre de Nguyen Thien Dao, son parcours à la croisée des deux cultures vietnamo-française, et l’amitié qui s’en est suivie ont encouragé les membres des deux ensembles à s’engager dans cette aventure. Le projet prévoit une série de concerts et d’animations en région parisienne au printemps 2016, puis un échange au Vietnam avec plusieurs concerts et une collaboration avec les formations vietnamiennes.
Nguyen Thien Dao s’est mis aussitôt à écrire son œuvre "Linh Giác" (Eveil sacré) pour soprano, chœur mixte, orchestre à cordes et percussion. Marquée par une atmosphère méditative, "Linh Giác" symbolise les six vies de toutes espèces dans le cycle bouddhiste de la réincarnation. Elle raconte l’histoire de deux héros de la nation vietnamienne: le moinillon Ly Cong Uan, devenu plus tard le roi Ly Thai To, bâtisseur de la nouvelle capitale Thang Long en 1010, aujourd'hui Ha Noi, et 300 ans après le Roi-Bouddha Tran Nhan Tong (Ly Thai To réincarné ?) qui abandonna le trône pour se retirer et entrer en méditation sur le mont Yen Tu, donnant naissance au courant du Truc Lam (Forêt de bambou), un courant bouddhique propre au Vietnam qui prône l’intégration sociale.
Lors d’un entretien accordé à l’Agence vietnamienne d’information, le chef d’orchestre Laurent Boer a révélé que ce programme musical est une idée qui l’habitait depuis longtemps, qu’il connaissait la musique de Nguyen Thien Dao depuis qu’il était jeune étudiant et qu’il voulait le rencontrer. Au moment de l’Année croisée du Viet Nam, il a eu l’occasion de travailler avec Nguyen Thien Dao. Il en a profité pour lui demander une œuvre en regard de la musique classique occidentale et du baroque de Johann Sebastian Bach.
Laurent Boer a également confié qu’entre le le magnificat et "Linh Giác", il y a une grande trans-spiritualité, bien que "Linh Giác" soit plutôt du sens du bouddhisme avec des tenues et des résonances, alors que le magnificat est beaucoup plus exubérant et baroque. D’après lui, faire se rencontrer ces deux oeuvres, c’est justement faire se rencontrer deux mondes qui sont différents mais qui se complètent, faire se rencontrer deux mondes qui sont éloignés en apparence, mais qui en même temps se rapprochent.
Mme Nguyen Ngan Ha, qui dirige l’Ensemble vocal Hop ca Que huong, a fait part de sa "fierté" qu’une œuvre de Nguyen Thien Dao - un compositeur qui garde un amour profond de son pays natal - soit jouée sous les voûtes d'églises de différentes villes françaises.
Le compositeur Nguyen Thien Dao est né en 1940 à Ha Noi. Il est l’auteur de nombreuses pièces à la confluence de la musique contemporaine et de la tradition orientale. Il est arrivé en France en 1953 et est entré en 1963 au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il se définit comme "l’héritier des deux civilisations orientales et occidentales" entre lesquelles il tentera une synthèse. Durant sa vie, il a composé 94 œuvres musicales, une œuvre littéraire, et écrit beaucoup d'articles sur la musique et la culture. Il est décédé le 20/11/2015 à Paris des suites d’un cancer, avant que son programme musical reliant les deux cultures puisse voir le jour.