Depuis quelques temps, les localités prêtent une grande attention à la préservation et à la mise en exergue de la valeur des patrimoines. Parmi les mesures efficaces pour sensibiliser les plus jeunes, leur introduction au programme scolaire.
C’est un fait : les jeunes en savent de moins en moins sur l’histoire et la culture de leur pays, le Vietnam, ce qui inquiète le monde enseignant. Soucieux de remédier à ce problème, le patrimoine culturel a fait son entrée dans le programme scolaire des premier et deuxième cycles. L’objectif est double : faire revivre les patrimoines - matériels comme immatériels - et enrichir les connaissances des jeunes sur l’art, la société ou encore l’histoire.
Pour s’approprier l’histoire et la culture
En effet, sous forme d’outils didactiques, les patrimoines culturels permettent de rendre les heures d’études plus attractives, ludiques, et aux élèves de mieux comprendre et ainsi assimiler les leçons.
Mme Lan, enseignante d’histoire dans la ville de Hai Phong (Nord), partage qu’en visitant le Musée de la victoire de Diên Biên Phu, au travers des objets et des explications des guides, les élèves peuvent s’imaginer la vie des soldats pendant la guerre et mieux comprendre la signification de la victoire de Diên Biên Phu.
En outre, les patrimoines culturels matériels ou immatériels utilisés pour les séances permettent aux élèves d’élever leurs capacités d’observation, de sélection et de traitement des informations, mais aussi leurs facultés à appliquer les connaissances apprises pour expliquer les phénomènes concernant tel ou tel patrimoine culturel.
«Après avoir vu de mes propres yeux les objets personnels des soldats de Truong Son pendant l’offensive du printemps 1975, les instruments de travail ou les armes utilisés par les Américains sur la piste de Truong Son, j’ai mieux compris ce que représentait cette piste légendaire, qui était un axe de ravitaillement du Nord au Sud à travers la cordillère de Truong Son, pendant la guerre contre les agresseurs américains», partage un élève de 10e classe (équivalent Seconde) durant sa visite scolaire au Musée d’histoire du Vietnam.
Ces derniers temps, plusieurs patrimoines culturels immatériels reconnus par l’UNESCO, comme le hat xoan (chant printanier dans la province de Phu Tho), le quan ho de Bac Ninh (chant alterné) au Nord, les vi et giam de Nghê An, le ca trù (chant des courtisanes de Huê, Centre), ont chacun déjà fait l’objet d’une présentation exhaustive à l’école.
Par exemple, depuis quelques années, les écoles de Nghê An, en coopération avec le Bureau de la culture et de l’information des arrondissements et districts, ont mis en place le projet «Introduction du chant traditionnel à l’école». Un projet apprécié par les cadres, enseignants, élèves et leurs parents. Actuellement, de nombreux élèves de Nghê An connaissent les vi et giam. La plupart des jeunes sont aujourd’hui en mesure de présenter certains airs. Cela leur permet d’enrichir leurs connaissances en matière de culture traditionnelle.
Autre exemple, cette fois dans la province septentrionale de Bac Ninh, où le quan ho a été reconnu patrimoine immatériel de l’Humanité en 2009 par l’UNESCO. Afin de s’atteler à sa préservation, depuis l’année 2011, les élèves des écoles générales de la province étudient ce patrimoine culturel. Lors des cours de musique, ils apprennent une chanson de ce chant alterné, sans oublier tous les à-côtés culturels (costumes, gastronomie, histoire...).
Le hat xoan (chant printanier - classé au patrimoine immatériel de l’humanité à sauvegarder d’urgence) a lui été introduit il y a cinq ans au programme scolaire de la province de Phu Tho. Lors des heures de classe, les enseignants aident les élèves à en étudier l’origine et à apprendre des airs. Actuellement, 202 des 209 écoles primaires, 200 des 259 collèges et 37 des 45 lycées de cette province du Nord ont introduit l’enseignement du hat xoan dans leur programme.
Des études encore trop superficielles
Des efforts louables jugés toutefois insuffisants par les experts au regard des résultats. En effet, l’enseignement sur les patrimoines immatériels n’est considéré que comme une activité extrascolaire. En conséquence, les investissements consentis tant sur le plan humain que matériel sont bien en-deçà de ce qu’ils devraient être.
De plus, faute de documents, les enseignants rencontrent maintes difficultés à élaborer un programme convenable. Jusqu’à ce jour en effet, aucun texte guidant l’exploitation des patrimoines immatériels au service de l’enseignement dans les établissements scolaires n’existe.
Les examens menés par le ministère de l’Éducation et de la Formation montrent qu’au collège, seuls 21% des élèves connaissent plus de dix chansons traditionnelles, 74% moins de dix chansons et 5% aucune.
C’est pourquoi le ministère de l’Éducation et de la Formation demande aux écoles d’éduquer et d’élever les connaissances des élèves sur les patrimoines culturels, ce qui passe par leur introduction dans le programme scolaire, et ce en fonction des spécificités culturelles de chaque localité. Les cours doivent par ailleurs être intéressants et enseignés de manière vivante, ludique, afin de susciter l’intérêt des élèves.
Des biens culturels immatériels du Vietnam classés au patrimoine mondial
Les neuf biens culturels immatériels du Vietnam classés au patrimoine mondial sont divers et variés. En voici la liste : le nha nhac - musique de la cour de Huê (2003), l’espace culturel des gongs du Tây Nguyên (2005), l’espace culturel des chants alternés quan ho de Bac Ninh (Nord), le ca trù - le chant des courtisanes -, la fête du génie Gióng dans les temples de Phù Dông et de Soc en banlieue de Hanoï, le chant xoan de la province de Phu Tho (Nord), le culte des rois Hùng (2012), l’art musical du don ca tài tu du Sud (2013), et enfin le vi et le giam des provinces centrales de Nghê An et de Hà Tinh (2014).