Hôi An, exemple d'une conservation réussie
Mettre à jour: 01 Juin 2009
Une conférence-bilan sur les résultats du Projet global de sauvegarde et d'exploitation de l'ancienne cité de Hôi An vient de se dérouler dans la province de Quang Nam (Centre).

La majorité des conférenciers sont unanimes à constater que " la conservation du patrimoine de Hôi An est dans la bonne voie".

L'ancienne cité de Hôi An est certainement le site le plus étudié par les organismes et instituts scientifiques de différents échelons, nationaux et internationaux. Cette remarque revient à l'architecte Hoàng Dao Kinh, un chercheur qui dès 1982 a pris l'initiative de la conservation de ce bien culturel.

En 1982, le Comité Vietnam - Pologne chargé de la restauration des vestiges architecturaux Cham a procédé aux premiers travaux d'études sur l'ancienne cité de Hôi An, en tant que patrimoine urbain. Ces études ont duré 4 ans pour servir par la suite de base à tous les travaux de sauvegarde survenus les années suivantes.

La seconde étape des travaux d'étude et de conservation de Hôi An a débuté vers les années 1990, avec la participation des experts japonais de l'Université Showa. Durant cette période, les spécialistes ont étudié avec soin les structures des monuments en bois. Ils ont donné les instructions concernant les techniques portant sur la restauration des maisons en bois, respectant les différentes étapes de l'établissement de l'état de l'édifice, de l'analyse des raisons de sa dégradation aux mesures précises de consolidation ou de remplacement si nécessaire.

Le Comité populaire de Hôi An a publié en 2006 une réglementation sur la gestion, la préservation et l'exploitation de son ancienne cité. Il s'agit d'un "bon outil" de sauvegarde du vieux centre urbain. Car ce texte, loin de faire de la ville un musée, envisage de faire perdurer l'existence parallèle de 2 facteurs majeurs : patrimoine architectural et besoins des locaux pour leur vie et de la cité pour son développement.

La sauvegarde et la restauration des patrimoines architecturaux de Hôi An pendant ces 3 dernières décennies permettent non seulement de remédier à la dégradation dramatique des édifices, mais encore d'embellir la physionomie du lieu et d'améliorer la qualité de vie des locaux. Ce qui assure la durabilité de ce patrimoine qui existe depuis des siècles. Cette évaluation a été prononcée par ceux qui participent directement à la conservation du patrimoine, dont le directeur du Centre de sauvegarde et de gestion de Hôi An, Nguyên Chi Trung.

À Hôi An, un habitant accueille 13 touristes

Aujourd'hui, on peut dire que Hôi An entame la 3e étape de son évolution. Cité portuaire à son origine, puis province dynamique et métissée, elle est devenue aujourd'hui un centre touristique international et certainement un des sites les plus visités du pays, assure l'architecte Hoàng Dao Kinh.

En 2007, plus d'un million de touristes sont ainsi passés dans ses rues. Statistiquement, cela donne un ratio d'un habitant pour 13 visiteurs. Au Vietnam, aucun centre touristique ne connaît une aussi forte proportion. Mais le plus important est que les touristes séjournent à Hôi An plus d'une nuit et qu'ils y reviennent.

Il y a 27 ans, alors que le Comité Vietnam-Pologne entamait ses études sur Hôi An, ce n'était qu'un petit et pauvre bourg vivant de ses 700 métiers à filer un coton destiné à l'exportation. Personne n'imaginait qu'un jour cette cité s'enrichirait grâce à ses vestiges... Et pourtant, des centaines d'hôtels et restaurants ont fait leur apparition et plus de 65% du PIB de la ville proviennent du tourisme.

Mais il existe toujours le revers de la médaille. Le développement impétueux de toutes sortes de services a entraîné nombre de changements dans l'ancienne cité. Depuis 1999, il y a 83 transferts de propriété de maison, 181 locations par des étrangers et 264 familles quittant leur résidence. En même temps, de nouvelles formes de commerce ont fait leur apparition : confection express des vêtements sur mesure, vente de peintures, fabrication et vente de lampions. Mais de par leur créneau "vite faire, vite gagner", ces activités ne s'inscrivent pas dans une optique de durabilité.

Et certains pensent déjà que Hôi An a devant elle un long chemin à parcourir. Tout d'abord, la ville doit poursuivre des études complètes et approfondies pour établir "une banque de données qui servira aux prochains aménagements, programmes de conservation et de développement", avance l'architecte Hoàng Dao Kinh. D'ailleurs, il faut mener une étude complète sur les habitants de l'ancienne cité, leurs conditions de vie, de commerce, leurs besoins de restauration, d'amélioration de leur habitat, leur attachement vis-à-vis de leur héritage, leurs droits dans la sauvegarde du patrimoine et le développement du tourisme, leurs autres intérêts… "Quand nous réussirons à équilibrer les intérêts des locaux et ceux des patrimoines, la sauvegarde aura certainement réussi", affirme l'architecte. Particulièrement, Hôi An devrait se doter d'une politique encourageant les locaux à rester dans leur ancienne cité. Les autorités municipales peuvent aider les habitants à obtenir des crédits à taux préférentiel ou à réduire leurs impôts en cas d'investissements.
Le Courrier du Vietnam