Un des points d'orgue du Festival des métiers traditionnels qui s'est terminé le 14 juin dans la ville de Huê (Centre) consiste en le programme "La beauté vietnamienne" qui rend hommage aux artistes de la culture traditionnelle.
Le programme "La beauté vietnamienne" a eu lieu au Théâtre impérial Duyêt Thi Duong au sein de la citadelle impériale, en présence de grands artistes folkloriques comme Pho Thi Kim Duc du club Tràng An de Hanoi pour le ca trù (chant des courtisanes), Luu Huu Thi et Trân Kich, un artiste émérite qui a reçu l'insigne de chevalier de l'Ordre des arts et des lettres du ministère français de la Culture et de la Communication pour le nha nhac (musique de cour) et Minh Mân et Thanh Huong, 2 artistes du ca Huê (chansons d'air huéen).
Depuis leur tendre enfance, ces artistes se baignent dans l'univers des airs et instruments populaires. Aujourd'hui, ils se consacrent pleinement à la préservation et à la valorisation des valeurs culturelles folkloriques. Une des figures typiques est Mme Kim Duc qui a, malgré ses 78 ans, étudié et achevé certains documents servant de manuels pour transmettre le ca trù aux générations futures. Avant de s'attaquer désormais aux danses tu linh (les 4 animaux fabuleux : dragon, licorne, tortue, phénix) et bo bô du ca trù, Kim Duc a réussi à restituer la danse bài bông (danse des fleurs). Cette vieille danse, proche de sa disparition, a pu enfin être présentée au public lors de la cérémonie d'inauguration de la fête printanière de la pagode Yên Tu en 2008, province de Quang Ninh (Nord). Vieille de 700 ans, elle intègre les gestuelles du ca trù, à l'instar des danses bo bô et tu linh. Selon les récentes études, elle est apparue lors de la dynastie des Trân (13e siècle) et était principalement interprétée lors des grandes fêtes du quartier des artistes, à l'anniversaire de mort des ancêtres du ca trù au 3e et 11e mois lunaires, ainsi que devant les mandarins, dans les cérémonies de souhait de longévité. Pour les artistes du ca trù, cette danse est consacrée aux vêpres.
Pour sa part, Minh Mân, âgée de 84 ans, fait partie des très rares artistes capables de chanter des chansons d'air huéen. Luu Huu Thi (97 ans) connaît par cœur 20 airs de la musique de Cour et se souvient, malgré son grand âge, des pièces au service de la cérémonie Nam giao (cérémonie en l'honneur du Ciel et de la Terre, offerte par le roi) à Huê.
Ce festival fait, outre son objectif de divertissement, office de mémoire. Car il offre une occasion unique de découvrir ces arts anciens qui ont jalonné le folklore national. Cet art connaît un public de plus en plus restreint et c'est grâce à ce genre de manifestation qu'il peut espérer se maintenir. Pour une fois, plusieurs interprétations d'airs anciens ont été sous les feux des projecteurs. De plus, les artistes plus jeunes étaient également à l'affiche : Thanh Binh, Bach Duong du ca trù, Thanh Lâm, Diêu Liên du ca Huê et 2 membres du groupe de musique de Cour, Trân Kich et Luu Huu Thi.
En parallèle, 2 expositions ont eu lieu. La première propose des photos et articles sur ces artistes et la seconde se consacre à l'art contemporain du peintre et musicien Nhu Huy. Deux documentaires produits en avril et mai concernant la naissance, le développement du ca Huê et du ca trù ont été également présentés au public.