Les éléphants des Hauts Plateaux du Centre stars d’une exposition à Ha Noi
Mettre à jour: 27 Novembre 2017
Dans les Hauts Plateaux du Centre, les éléphants sont intimement liés à la vie de communauté des ethnies minoritaires, en allant des activités de production aux fêtes en passant par la religion à la littéraire et l’art. Ils sont considérés comme membres de la famille à part entière, ils ont chacun un nom propre, ils sont traités en cas de maladie et sont enterrés une fois décédés.

L’exposition ayant pour thème «Les éléphants des Hauts Plateaux du Centre» s’est ouverte samedi 25 novembre au Musée d’ethnographie du Viet Nam, à Ha Noi.

Une quarantaine d’objets, 38 photos et des films documentaires y sont présentés. L’exposition se divise en six thèmes : la personnalité de l’éléphant, la chasse et la domestication de l’éléphant sauvage, le soin de l’éléphant ainsi que l’éléphant dans la vie économique, dans la vie sociale, et dans la vie culturelle.

Les instruments et outils au service de la chasse et de la domestication du mammifère y sont également exposés. S’y trouvent des fouets en rotin, des cornacs utilisés pour diriger l’animal, des matelas de bât d’éléphant confectionné à base d’écorce de barringtonia, des lassos, des sacs et des cors entre autres.

«L’événement permet aux visiteurs tant vietnamiens qu’étrangers de mieux comprendre le rôle du plus gros mammifère terrestre dans la vie des ethnies minoritaires dans les  Hauts Plateaux du Centre, ainsi que les mœurs et costumes d’une époque historique des M’Nông. De plus, l’exposition contribue grandement à la protection de cette bête», a souligné Vo Quang Trong, directeur du Musée d’ethnographie du Viet Nam.

C’est la première fois que le musée inaugure une exposition sur le Tây Nguyên à travers des images d'éléphant. Cette manifestation figure dans le cadre des activités en l’honneur du 20e anniversaire du Musée d’ethnographie du Vietnam (1997-2017).

Pour célébrer son 20eanniversaire, de nombreux événements sont organisés tels que des spectacles de vi, giam et tro kiêu, des chants populaires de Nghê An et Hà Tinh (Centre) ; la publication d’un livre sur le Musée d’ethnographie du Viet Nam; un programme artistique des M’Nông de Dak Lak ainsi qu’un séminaire international sur l’ethnologie.

Deux donateurs mis à l’honneur

D’après le comité d’organisation, la plupart des outils et instruments exposés ont été offerts par la famille de Kham Phêt Lào, fils d’Ama Kông (1910-2012), surnommé le «Roi des éléphants» des M’Nông.
«Ces instruments sont faits essentiellement en matières naturelles comme le bambou, la cire d’abeille, la corne ou la peau de buffle et datent d’une centaine d’années déjà», a informé Kham Phêt Lào.

C’est à la fin du XIXe siècle que Khun Junôp (1828-1938), originaire de l’ethnie minoritaire M’Nông du district de Buôn Dôn, province de Dak Lak (Hauts Plateaux du Centre - Tây Nguyên), a commencé à créer des instruments de chasse pour la domestication de ces grands mammifères. Après son décès, son métier ainsi que la totalité de ses outils ont été transmis à ses enfants. Ama Kông, petit-fils de Khun Junôp, est un des chasseurs d’éléphants les plus célèbres. Au cours de sa vie, il a chassé et domestiqué des centaines de têtes.

À noter qu’en juin 1992, le ministère de la Sylviculture (actuellement le ministère de l’Agriculture et du Développement rural) a publié une décision sur la fondation du Parc national de Yok Dôn (district de Buôn Dôn) et l’interdiction de la chasse d’éléphant. Ainsi, les villageois de Dôn ne chassent plus les grands mammifères.

La famille d’Ama Kông expose pour sa part les instruments chez lui dans le village de Dôn, commune Krông Na, district de Buôn Dôn. Celle de Kham Phêt Lào a décidé d’offrir, en 2014, une vingtaine d’outils au service de la chasse et de la domestication d’éléphants au Musée d’ethnographie du Vietnam.

Pour les M’Nông, l’éléphant est un moyen de transport mais également un membre ainsi qu’un bien de la famille.

Ytac Êban, un M’Nông, a assuré que sa famille possède 3-4 générations de domestication d’éléphants et que la tâche la plus importante de son ethnie est de «protéger les troupeaux d’éléphants domestiques ainsi que sauvages». Et d’ajouter que  l’autorité, la population locale et les experts étrangers mettent en œuvre les projets de préservation de ces animaux.

À cette occasion, Kham Phêt Lào et Rosalia Sciortino, qui s’est vu offerts en 2006 une soixantaine de tableaux de peinture sous verre venus d’Indonésie au Musée d’ethnographie du Vietnam, ont été remis l’insigne «Pour l’œuvre de sciences sociales» par l’Académie des sciences sociales du Viet Nam.

AVI