Il s'agit de l'une des activités organisées dans le cadre des Journées d'échanges culturels Hôi An-Japon qui ont eu lieu fin août dernier.
Le développement du tourisme comme la préservation du patrimoine local ont abouti à des résultats significatifs ces dernières années. Revers de la médaille, l'urbanisation rapide et la forte augmentation de la fréquentation des sites patrimoniaux par les touristes ont une incidence certaine sur l'état de ces derniers.
D'après Trân Van An, directeur adjoint du Centre de gestion et de protection des patrimoines de Hôi An, l'activité humaine est bien pire que les affronts du temps. Restaurations sans respect des critères, pollution atmosphérique, perte des usages et pratique de vie, celle des traits traditionnels dans les anciennes maisons… sont quelques-uns des dangers que le patrimoine architectural doit plus que jamais subir. Lors de cette table ronde, les spécialistes japonais comme vietnamiens ont exprimé leurs préoccupations devant le développement anarchique du tourisme et de la fréquentation dont l'incidence est aisément constatable sur les paysages, les usages et pratiques de vie et les patrimoines de l'ancienne cité.
Utsumi Sawako, de l'Université de Showa, a présenté les influences de commercialisation vis-à-vis du paysage de Hôi An. D'après une enquête, 453 sur 475 maisons situées dans les rues accueillant un grand nombre de touristes deviennent des lieux de commerce de services touristiques. Ainsi, plus de 90% de ce qui auparavant étaient des logements sont désormais des hôtels, restaurants, boutiques, etc., avec plus de 35,1% de locations et près de 64% des commerçants ne sont pas de Hôi An.
Le secteur du tourisme local est en pleine phase de croissance, source de nombreux nouveaux emplois également locaux. Mais Hôi An est en même temps devenue une localité de choix en termes d'opportunité de faire fortune, attirant des professionnels de tous le pays. D'où une perte de l'esthétique urbaine, à quoi s'ajoute une modification corrélative de la démographie car "la population change : les habitants réels sont de moins en moins nombreux, entraînant une perte de charme de la cité", a souligné Mme. Sawako.
D'après les participants, équilibrer la protection de l'architecture ancienne et du mode de vie traditionnel et les contraintes d'une vie moderne est un problème tout autant essentiel que délicat. "Hôi An doit poursuivre son développement touristique, c'est incontestable, et donc nous devons rechercher des mesures afin que le patrimoine n'en subisse pas les conséquences", insiste le professeur Yuichi Fukukawa de l'Université de Chiba.
Une population rurale consciente de la question
Au dire de spécialistes, la population rurale témoigne d'une meilleure conscience en matière de protection du patrimoine. D'après les résultats d'un sondage d'opinions au sein de cette dernière réalisé par des volontaires de la JICA, 93% des personnes interrogées aiment et acquiesce à une protection de l'ancienne cité de Hôi An, et la moitié déclare être prête à participer à des discussions sur ce point.
À cette occasion, les spécialistes des universités de Chiba et Showa ainsi que ceux de la JICA ont exposé des points relatifs à la gestion du patrimoine et le développement du tourisme à Hôi An. S'agissant de la protection des anciens ouvrages, ceux-ci ont souligné 2 problèmes essentiels à régler. D'abord le manque d'informations de réglementation et de normes en matière de restauration des anciennes architectures. Une situation qui résulte d'un manque de spécialistes en ce domaine comme de recherche en architecture. Il y a donc un effort à faire dans la formation de professionnels. Le second problème est le manque d'accords entre les organismes de gestion et la population, auquel il pourrait être remédié par la création d'un mécanisme de concertation.
Les volontaires de la JICA ont apporté nombre d'opinions sur la protection des patrimoines à Hôi An. Selon ceux-ci, l'amélioration du réseau de communications, la production d'objets de souvenir et la création de produits touristiques spécifiques sont, entre autres, indispensables.
Ces 10 dernières années, depuis la reconnaissance de Hôi An en tant que patrimoine mondial, la gestion et la conservation de son patrimoine ont obtenu de bons résultats. Selon les statistiques du Centre de gestion et de protection des sites de Hôi An, entre 1999 et 2009, près de 170 monuments ont été restaurés pour un coût de plus 67 milliards de dôngs, et 155 autres l'ont été également grâce à des fonds de l'État ou mobilisés au sein de la population. Les patrimoines de Hôi An contribuent activement au développement local. Entre 2006 et 2010, la participation du secteur du tourisme et tertiaire représentait 67% du PIB municipal. Près de 2,7 millions de touristes, surtout étrangers, sont venus à Hôi An.