« J’adore le Xip Xi, car c’est l’occasion d’avoir de nouveaux vêtements et de jouer au lancer de balles d’étoffe et au football. »
La petite Dieu Thi Tuyen habite dans la commune de Muong Giang. Elle est toute contente parce que ses parents et ses grand-parents lui aient acheté des vêtements multicolores. Pour les Thaïs blancs, le Xip Xi est une manière de faire le bilan du travail effectué durant les 6 premiers mois de l’année. Donc, carte blanche à tout le monde ! Toute la journée durant, les enfants sont libérés de leurs tâches quotidiennes. Ils peuvent s’amuser et manger tout ce qui leur plaît, comme nous l’explique Ha Thi Dieu, qui habite la commune de Quang Huy :
« Le Xip Xi, c’est la fête des enfants. Lorsqu’ils vont garder les buffles, on leur prépare du riz gluant, de la viande et des gâteaux. Pour ce qui est des nouveaux vêtements, on peut soit les acheter soit les confectionner nous-mêmes. Après un bon festin à midi, les jeunes et les enfants vont s’amuser dehors. L’ambiance est fabuleuse ! »
Comme toutes fêtes traditionnelles, le Xip Xi se décline en deux parties : le culte des ancêtres et les festivités. Pour la première partie, il y a deux choses indispensables : la viande de canard et le banh it. Le banh it, c’est un gâteau de riz gluant transparent, de forme ronde avec, comme garniture, des pois, de la viande hachée et du poivre, le tout étant emballé dans une feuille de bananier. On assemble ces gâteaux par paires, dans l’espoir d’une vie conjugale heureuse. Quant à la viande de canard, elle est indispensable parce que c’est une volaille étroitement liée à la production, à la vie quotidienne des autochtones. En faisant de cette viande une offrande, les Thaïs blancs souhaitent que le génie du canard élimine tous les mauvais insectes, en emportant, avec lui et avec le courant sur lequel il nage, toutes les malchances.
Le Xip Xi peut se fêter en famille, nucléaire ou élargie, à des degrés de faste différents, en fonction des moyens de chacune. Après avoir déposé le plateau d’offrandes sur l’autel des ancêtres, on brûle des bâtonnets d’encens. Lorsque ceux-ci ont brûlé au moins de deux tiers, on descend le plateau et alors, « tout le monde, à table ! ». Les juniors souhaitent longévité aux seniors, lesquels leur souhaitent en retour une vie sereine, heureuse et une bonne santé. Mais le Xip Xi est aussi une fête ouverte, une occasion pour les Thaïs blancs d’exprimer leur hospitalité. Les invités sont chaleureusement accueillis. D’ailleurs, la tradition veut que les invités apportent chance à la famille hôte. Néanmoins, pas question de se soûler, comme l’affirme Ha Ho Bac, qui habite la commune de Huy Tan :
« Comme le veut la tradition, le Xip Xi doit se fêter de manière saine et économique. On peut boire de l’alcool mais avec modération. Il faut faire attention pour ne pas avoir d’accidents de la route. »
Le Xip Xi, c’est aussi l’occasion de chanter des chansons traditionnelles ou de jouer à des jeux folkloriques. Au-delà du cadre familial, cette fête a tendance à devenir une fête communautaire, une occasion pour tous les Thaïs blancs de valoriser leur identité culturelle./.