Les Ede
Mettre à jour: 19 Mars 2014
Avec 331 mille personnes, les Ede sont le 12ème plus grand groupe ethnique du Vietnam en termes de population. Ils vivent essentiellement dans le Centre et sur les Hauts Plateaux du Tay Nguyen, ou plus précisément dans 4 provinces: Dak Lak, Gia Lai, Khanh Hoa et Phu Yen et préservent le régime matriarcal.  

Rattachés au groupe linguistique malais, les Ede, que certains Français appellent Rhade, vivaient à l’origine dans des régions maritimes. Ils ont d’abord élu domicile dans le centre du Vietnam, avant de déménager en hauteur, vers les hauts plateaux du Tay Nguyen, durant une longue période allant de la fin du 8ème au 15ème siècle. Mais rien n’a pu effacer dans leur mémoire profonde l’image de l’eau et du bateau.

La maison longue, cet édifice typique des Ede, épouse en effet la forme d’un long bateau dont le plafond n’est pas sans évoquer un rouf. C’est une maison sur pilotis peu élevée, qui s’étend en longueur, une longueur comprise entre 15 et 100 mètres, en fonction de la taille de la famille qui en est le propriétaire. Luu Hung, directeur adjoint du musée d’ethnographie du Vietnam: «La maison longue est une grande construction qui traduit les principales caractéristiques culturelles des Ede, dont la société est fondée sur un système matrilinéaire. L’un des symboles les plus frappants de ce système, ce sont ces sculptures de seins féminins bien arrondis que l’on trouve sur l’escalier situé à l’extrémité nord et sur les poteaux dans la maison. Les objets utilisés dans la maison sont aussi typiques du système matrilinéaire.»

Dans une famille Ede, il convient donc de parler plutôt de la maîtresse du foyer que du maître de céans. Les enfants portent le nom de leur mère et les fils n’ont pas droit à l’héritage. Une fois marié, l’homme vient vivre chez sa femme. Les filles héritent des biens de leurs parents et c’est la fille cadette qui prend en charge à la fois la maison de culte et le soin de ses parents. Lorsqu’une fille se marie, la maison se rallonge littéralement pour accueillir sa nouvelle petite famille. Pour savoir si une fille Ede est déjà mariée, il suffit de regarder sa fenêtre. Si elle est ouverte, alors attention, vous avez affaire à une femme mariée!

Autrefois, les Ede vivaient de la chasse, de la cueillette, des travaux champêtres, de la pêche, de la vannerie et du tissage. Leur grande particularité agricole, c’est l’assolement. A côté des terres cultivées, les Ede conservent des terrains vagues. Ils veulent accorder à ces terrains un «temps de repos» avant une nouvelle exploitation. Aujourd’hui, les travaux champêtres des Ede ont évolué vers la culture de plantes industrielles telles que le caféier, l’hévéa, le poivrier et le cacaotier. Côté élevage, ils élèvent des buffles, des boeufs et des éléphants. Les habitants continuent de pratiquer la vannerie, de confectionner des objets en cuivre, en bois ou en céramique, utilisés aussi bien dans les cérémonies de culte que dans la vie quotidienne.

A l’instar d’autres groupes ethniques du Tay Nguyen, les Ede considèrent Giàng-le Ciel, en français-comme étant la divinité suprême. Dans leur croyance, les phénomènes de la nature ont chacun leurs génies, on a ainsi les génies de la pluie, de la montagne, de la rivière et de la forêt... Chaque objet, que ce soit une herbe ou une maison, abrite une âme. Nguyen Tru, chercheur: «Ce sont les conditions naturelles, les rivières, les montagnes qui ont créé la culture des Ede. En honorant les génies liés à ces phénomènes naturels, les Ede expriment leur gratitude envers la nature et envers leurs ancêtres. Ceci est particulièrement clair dans leur musique de gongs qui imite le son de la montagne et de la rivière.»

Les Ede préservent toujours leurs fêtes traditionnelles: la cérémonie de sacrifice du buffle, la pendaison de crémaillère, la cérémonie pour marquer le passage à l’âge adulte... Ils possèdent tout un trésor de littérature orale composé de mythes, de contes de fée, de comptines, et surtout d’épopées, dont les plus connues sont Dam San, Dam Kteh M’lan. C’est un peuple mélomane qui joue du gong, du tambour, de la flûte et d’autres instruments traditionnels comme le Goc, le Kni ou le Dinh Nam.

Modernisation oblige, la physionomie des villages Ede change rapidement. Mais les membres de cette ethnie s’attachent à préserver leurs traditions ancestrales. Ils sont bien conscients du fait que la sauvegarde de leur identité contribue à enrichir la culture vietnamienne./.

 

VOV