Les châu ban de la dynastie des Nguyên - un ensemble de documents administratifs - ont été reconnus par l’UNESCO patrimoine documentaire du programme Mémoire du monde pour la région de l’Asie-Pacifique, lors de la conférence plénière le 14 mai à Guangzhou (Chine).
Les châu ban de la dynastie des Nguyên présentés lors d'une exposition en 2012 à Hanoi.
Selon le Centre N°1 des archives nationales, le dossier d’inscription intitulé «Les châu ban de la dynastie des Nguyên» a été soumis en 2013 au programme Mémoire du monde pour la région Asie-Pacifique.
Ces documents sont conservés au Centre No1 des archives nationales. Ce sont les actes administratifs des dynasties féodales du Vietnam et des empereurs Nguyên. Plus d’une vingtaine de types de textes que sont ordonnances royales, édits du roi, prescriptions royales, placets au roi, requêtes au roi, ordres émis par des mandarins, circulaires… ont été écrits sur papier «do» (papier rouge traditionnel épais et résistant).
L’ensemble des châu ban comprend 735 liasses avec près de 200.000 feuilles documentaires de onze empereurs Nguyên durant la période 1802-1945. Il s’agit des actes administratifs complets d’une dynastie féodale qui sont entièrement conservés. Ces actes originaux, scellés par les rois et les échelons concernés, permettent aux chercheurs de faire revivre l’histoire de la dynastie des Nguyên.
Selon le dossier présenté à l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), les châu ban recèlent des textes sur les relations extérieures dont les lettres diplomatiques, les traités, les contrats commerciaux signés entre la Cour de Huê et les pays étrangers dont la Chine, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne… En particulier, les châu ban contiennent des textes originaux montrant des preuves précieux pour résoudre des litiges en Mer Orientale.
Des preuves de la souveraineté maritime du Vietnam
«La reconnaissance mondiale pour les +châu ban+ de la dynastie des Nguyên a confirmé la souveraineté territoire et maritime du Vietnam. Car, de nombreux documents dévoilent la direction des empeureurs sur la protection de deux archipels de Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly)», indique le Dr. Phan Thanh Hai, directeur du Centre de conservation des vestiges de l’ancienne Cité impériale de Huê.
«Le Centre No1 des archives nationales collabora avec les organisations concernées dont la ville de Huê pour présenter largement les valeurs des +châu ban+», ajoute-t-il.
«Cette reconnaissance revêt une grande signification, notamment dans le contexte où la Chine a implanté illégalement une plate-forme de forage dans la zone économique exclusive du Vietnam», estime Phan Thuân An, un chercheur sur la dynastie des Nguyên.
«En 2009, j’ai offert à l’État deux +châu ban+ du temps du roi Bao Dai liés à la souveraineté du Vietnam sur l’archipel de Hoàng Sa. Ces deux +châu ban+, datés respectivement du 3-2-1939 et du 15-2-1939 ont été écrits en vietnamien. Ces deux actes présentés au roi demandaient des récompenses pour certaines personnes qui ont eu du mérite dans la défense de l’archipel de Hoàng Sa. Ils ont été scellés et signés par le roi Bao Dai. Ces documents originaux affirment que la cour de Huê a exercé sa souveraineté sur l’archipel Hoàng Sa», souligne M. An.
Mémoire du monde est un programme créé en 1992, sous l'égide de l'UNESCO, visant à sensibiliser la communauté internationale à la richesse du patrimoine documentaire, à la nécessité d’assurer sa conservation pour les générations futures et à le rendre accessible à un large public.
Au Vietnam, les deux patrimoines reconnus par le programme Mémoire du monde sont les tablettes en bois de la dynastie des Nguyên et les stèles des Docteurs du Temple de littérature de Hanoi. Deux autres, à savoir les tablettes en bois de la pagode Vinh Nghiêm et désormais donc les châu ban de la dynastie des Nguyên figurent sur le Registre de la Mémoire du monde pour l’Asie-Pacifique.