Une exposition intitulée «Les combattants de la paix» s’est ouverte le 7 juin au Centre culturel du Vietnam en France à l’occasion du 103e anniversaire du départ à l’étranger du président Hô Chi Minh pour le salut national (5 juin 1911 - 5 juin 2014).
L’ambassadeur du Vietnam en France, Duong Chi Dung (gauche), et Madeleine Riffaud et Raymonde Dien (assises).
De nombreux livres, journaux et les photos visant à présenter et mettre à l’honneur les amis français ayant apporté des contributions importantes à la cause pour l’indépendance du Vietnam y sont exposés. On y voit notamment les photos et documents sur trois chers amis et camarades du Vietnam que sont Raymonde Dien, Henri Martin et Madeleine Riffaud.
L’exposition est consacrée également au parcours révolutionnaire du président Hô Chi Minh lors de son séjour en France au début du XXe siècle, là où il avait assimilé les idéaux de l’internationalisme prolétarien et reçu des aides ainsi que des appuis de la part des hommes politiques, journalistes et écrivains français de renom, à savoir Marcel Cachin, Henri Barbusse, Paul-Vaillant Couturier…
Dans son discours, l’ambassadeur du Vietnam en France, Duong Chi Dung, au nom du peuple vietnamien, a exprimé sa gratitude à l’égard des Français qui, épris de paix et de justice, avaient réservé des sentiments profonds et des aides précieuses à l’œuvre de libération nationale du Vietnam.
«Parmi des millions et des millions de personnes qui nous soutiennent, le peuple vietnamien est fier d’avoir à ses cotés les amis français qui sont prêts à donner leur vie pour le Vietnam. Le sang qui coule dans leur veine n’est pas vietnamien mais leur cœur est réservé au Vietnam. Cet amour pour la paix et notre pays est inconditionnel, puisqu’il a été donné en dépit des souffrances, voire l’arrestation, l’emprisonnement et parfois l’incompréhension dans leur propre pays. Nous pensons à Raymonde Dien, à Madeleine Riffaud, à Henri Martin, à Raymond Aubrac qui sont les figures les plus représentatives du mouvement d’anti-guerre», a-t-il précisé.
Il a ajouté que ces flambeaux, après tant d’années de lutte, tiennent toujours. Et d’indiquer : «Notre peuple est attaché aux principes tels +Que celui qui mange un fruit garde le souvenir de celui qui plante l'arbre+ ou +Lorsque l’on boit de l’eau, l’on pense à sa source+. Vous restez et resterez dans notre cœur, vos noms sont gravés pour toujours dans notre mémoire et que vos actions seront suivies par des générations futures».
Présence des deux héroïnes Raymonde Dien et Madeleine Riffaud
L’exposition couplée avec une rencontre des amis français a eu lieu dans une ambiance chaleureuse et amicale avec la présence des deux héroïnes que sont Raymonde Dien et Madeleine Riffaud. L’assistance a fait l’éloge de la vaillance de Raymonde Dien qui s’est couchée le 23 février 1950 sur la voie de chemin de fer à Saint-Pierre-des-Corps pour empêcher la marche d’un train militaire dont le chargement était destiné à l’Indochine. Elle a été emprisonnée à Tours, puis à Bordeaux sous le chef d’accusation de «complicité de détérioration de matériel susceptible d’être employé pour la défense nationale».
À l’instar d’Henri Martin, elle est devenue un symbole de l’opposition contre la guerre d’Indochine. Elle a bénéficié d’une campagne de soutien de grande ampleur en France et dans les pays de l’Europe de l’Est. S’exprimant à cette occasion, Raymonde Dien a confié que sa réaction d’alors était toute naturelle, qu’elle voulait tout faire pour la paix du Vietnam.
C’est avec une grande émotion que la journaliste Madeleine Riffaud a raconté sa première rencontre avec le président Hô Chi Minh, en 1946 à la Conférence de Fontainebleau, ainsi que les années où elle était «dans les maquis des Viêt công». Un silence absolu a régné, l’espace de son intervention, dans le grand hall. Pour elle, le président Hô Chi Minh était une grande personnalité, qui était entièrement au service du peuple et qui éprouvait un grand amour pour l’humanité. Sa générosité et sa solidarité internationale lui ont donné un exemple à suivre toute la vie.
L’historien Alain Ruscio a également pris la parole à cette occasion : «Les reportages, les articles de Madeleine Riffaud sur la lutte héroïque du peuple vietnamien ont contribué grandement à présenter à l’opinion française et internationale la guerre d’agression des impérialistes américains au Vietnam, de sorte que ces dernières en prennent conscience et soutiennent la lutte judicieuse du peuple vietnamien».
Pour des raisons de santé, Henri Martin n’a pas pu venir assister à la rencontre. Malgré cela, les délégués et témoins présents à cette occasion ont raconté l’histoire du jeune marin qu’il était. En effet, à la fin de 1945, il était «envoyé au Vietnam pour combattre les Japonais». Or, c’est seulement sur place qu’il a découvert qu’on lui a menti : on l’envoie là-bas non pas pour combattre les fascistes japonais, mais pour combattre contre les Indochinois qui revendiquent leur liberté.
Revenu en France en décembre 1946, il a distribué des tracts à Toulon invitant les marins à réclamer la cessation des hostilités en Indochine. Il a été arrêté et condamné à 5 ans de prison pour «tentative de démoralisation de l’armée». Le PCF ainsi qu'un collectif d'intellectuels dont Jean-Paul Sartre ont pris sa défense. Nombreux sont les témoins à la rencontre qui ont évoqué son nom, exprimé leur admiration pour son esprit de l’internationalisme prolétarien, et sa ferveur indéfectible pour la paix et la prospérité du Vietnam.
Selon Lê Hông Chuong, directeur du Centre culturel du Vietnam en France, le peuple vietnamien n’oubliera jamais les contributions remarquables des amis français dans les moments les plus difficiles des deux résistances. L’exposition et cette rencontre qui émeut sont une reconnaissance du peuple vietnamien à l’égard des amis français, ceux qui ont apporté leur plein soutien et leurs aides précieuses au peuple vietnamien pour la paix, l’amitié, la solidarité entre les peuples des deux pays, ainsi qu’entre les peuples dans le monde entier.