Ces 20 dernières années, le théâtre des marionnettes sur l’eau a connu une évolution satisfaisante : les programmes et pièces se sont relativement diversifiés, tandis que leur qualité s’est constamment améliorée. Il reste cependant à en fixer les «canons» et à former des acteurs professionnels afin de mieux le préserver.
«Création de pièces de marionnettes sur l’eau de qualité en cette nouvelle période» est le thème d’un colloque qui a été organisé en mars dernier à Hanoi afin de préserver et de développer cet art original, une spécificité vietnamienne.
Selon l’«Artiste du Peuple» Lê Tiên Tho, président de l’Association des artistes de théâtre du Vietnam, le Vietnam est en effet aujourd’hui le seul pays au monde à avoir conservé intégralement ce genre de spectacle. Il est l’un des pans d’un patrimoine millénaire. Nées au XIIe siècle, les marionnettes sur l’eau participaient alors de rites votifs de pluie. Ce n’est que progressivement qu’il est devenu un divertissement populaire, au début à l’occasion du Nouvel An lunaire. D’après les historiens, en cette qualité, il est intimement lié à la culture du delta du fleuve Rouge, celle de la riziculture en eau.
Ces marionnettes sont faites de bambou, de rotin..., des matériaux naturels inépuisables en zone rurale qui, une fois assemblés, se transforment en personnages mais aussi en animaux tels que buffles et cochons. Grâce aux mains habiles de leurs créateurs, ces marionnettes drolatiques ont attiré un public nombreux.
Les marionnettes sur l’eau sont un genre de théâtre véhiculant des caractéristiques typiques du folklore traditionnel du Vietnam, et elle tiennent toujours une importante place dans le théâtre vietnamien, a souligné Lê Tiên Tho. Cet art, qui demeure excellemment préservé, a une valeur inestimable.
L’un de ses plus grands acteurs, sinon le plus grand, est le Théâtre des marionnettes sur l'eau Thang Long, à Hanoi. Non content de s’être produit dans plus d’une centaine de pays, s’est vu décerner par l'Organisation des records d'Asie le record de seul théâtre d'Asie à représenter des pièces tous les jours de l'année.
Un seul pas à faire encore...
Toutefois, afin de préserver pleinement cette tradition séculaire comme pour mieux le faire valoir en cette période d’intégration, il faudrait établir ce que l’on pourrait appeler les canons de l’art des marionnettes sur l’eau, a souligné le peintre Ngô Quynh Giao lors de ce colloque.
La directrice du Théâtre des marionnettes sur l’eau du Vietnam, Mme Ngô Thanh Thuy, a aussi insisté sur la formation de professionnels qui est un facteur important de la préservation de cet art. Cet objectif pourrait être atteint en créant un institut ou un centre de recherche et de formation à l’art des marionnettes sur l’eau, a conclu Mme Thuy.