Au Vietnam, il y a chaque année une journée destinée aux âmes errantes, le 15e jour du 7e mois lunaire. Partons à la découverte de cette fête et coutume, la deuxième plus importante de l’année après le Têt.
Pour les Vietnamiens, la fête Xa tôi vong nhân (littéralement «absolution des morts») est la deuxième plus importante de l’année après le Têt (Nouvel An lunaire). La tradition veut que le Xa tôi vong nhân soit célébré dans toutes les familles, exactement le 15e jour du 7e mois, le jour de l’année où les âmes errantes (cô hôn en vietnamien), qui veut dire «morts solitaires» sont autorisées, par le Ciel, à quitter l’Empire des ténèbres pour descendre dans le monde des vivants. L’occasion pour ces derniers de leur offrir un repas frugal et des objets votifs, d’exprimer leur reconnaissance envers les ancêtres et parents défunts. Une fête qui montre la croyance des Vietnamiens à l’existence d’un autre monde parallèle à celui des vivants, qu’il convient de ne pas négliger.
Cette année, cet événement cultuel propre au Vietnam tombe le 10 août. La cérémonie, tenue au sein de la famille, est préparée soigneusement des jours à l’avance. D’ordinaire, on dresse un autel en plein air, devant la maison, sur lequel on dépose des offrandes. Celles-ci sont toujours frugales et de bon marché : soupe de riz (répartie dans plusieurs bols), patate ou manioc cuits à l’eau et coupés en petits morceaux, galette soufflée, bonbons, grains de maïs soufflés… À cela s’ajoute un peu de riz non cuit et de sel. Les objets votifs, dont la «monnaie de l’enfer» (argent en papier frappé du cachet de l’enfer), des vêtements en papier…, sont aussi divisés en de petites parts. «Les âmes errantes sont nombreuses, aussi il faut faire en sorte qu’il y en ait assez pour toutes !», explique Hông, une vieille Hanoïenne.
Cadeaux pour toutes les âmes errantes
La cérémonie cultuelle dure environ une demi-heure, souvent la matinée. On brûle des bâtonnets d’encens et implore la clémence du Ciel et des génies envers les vivants. Lorsque les bâtonnets d’encens sont consumés, on brûle les objets votifs pour les envoyer aux âmes mendiantes. Et de jeter le riz non cuit et le sel dans l’air.
À minuit, après avoir bien festoyé, les âmes errantes s’en retournent dans l’Empire des ténèbres. Elles devront attendre l’année suivante pour être de nouveau libres d’aller faire ripaille dans ce bas-monde.
La vieille Hông se rappelle du temps de son enfance : «À mon village natal, la fête était très attendu des enfants. Car, après la cérémonie cultuelle, c’est-à-dire après le repas des morts, les offrandes étaient mises dans un coin, et les enfants s’abattaient dessus comme une volée de moineaux».
Actuellement, on ne voit plus cette scène. «Quoiqu’il en soit, selon la tradition, les offrandes mangeables doivent être distribuées. Et ce sont toujours les enfants du quartier qui sont les premiers bénéficiaires», ajoute Hông.
Parallèlement à la cérémonie cultuelle dédiée aux âmes errantes, les familles en font une autre destiné au culte de leurs parents défunts. Le rite est tenu devant l’autel des ancêtres, avec comme offrandes plusieurs plats, les deux immanquables étant xôi (riz gluant cuit à vapeur) et poulet (cuit à l’eau). Sans oublier un plateau de fruits et de friandises. «Hormis les fêtes traditionnelles et le jour commémoratif de leur mort (giô), les parents défunts ne peuvent rendre visite à leurs descendants que ce jour-là», informe Mme Hông.