Hanoi compte 201 monuments confucianistes. Un potentiel touristique pour l’heure sous-exploité. Une solution : élaborer des circuits de découverte.
En 2014, le Temple de la Littérature à Hanoi a attiré 1,4 million de touristes.
Le confucianisme a une tradition millénaire au Vietnam. Il a contribué à forger l’identité nationale. Le pays a donc un large potentiel touristique en lien avec les édifices confucianistes. Mais il est encore trop peu exploité.
Selon les statistiques réalisées en 2014, Hanoi recense 201 monuments confucianistes, dont 111 văn từ (petit temple de la littérature) et văn chỉ (autel sur un tertre), érigés pour le culte de Confucius. Au total, 83 sont classés dans la liste des sites historiques, culturels. Ils sont considérés comme une partie importante du patrimoine de la capitale, à protéger et à valoriser. Pourtant, la plupart des monuments sont dans un état de détérioration avancé. Certains sont réduits à l’état de ruine, Tho Xuong, Son Tây, Dông Ngàn (district de Dông Anh) et Tiên Hôi (district de Quôc Oai), par exemple.
«Les édifices confucianistes ne peuvent pas être exploités dans un cadre touristique, faute de financement», analyse Duong Ngoc Hà, chef adjointe du Service de l’opération et des commentaires touristiques (Centre des activités culturelles et scientifiques du Temple de la Littérature, à Hanoi). Et d’ajouter que «la plupart de ces vestiges sont de petite envergure. Il n’existe pas de liaison efficace avec les autres sites touristiques des alentours, ni une bonne planification. De plus, il y a peu de guides qui ont des connaissances approfondies sur le confucianisme et la tradition confucianiste vietnamienne».
Le Temple de la Littérature, un modèle réussi
Le Temple de la Littérature à Hanoi est le plus célèbre monument confucianiste du pays. Situé au centre de la capitale, ce temple figure dans la liste des édifices nationaux d’importance particulière. Le complexe, composé de plusieurs bâtiments, est devenu un site touristique incontournable de la ville. Le temple est aussi doté d’une zone réservée à la vente de souvenirs.
Les touristes s’intéressent particulièrement aux 82 stèles inscrites à la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010. On peut y lire le nom et le lieu d’origine des premiers lauréats des concours mandarinaux sous les dynasties des Lê postérieurs et des Mac (entre 1442 et 1779). Posées sur le dos de tortues en pierre, ces stèles ont une grande valeur, tant historique, culturelle qu’artistique. Elles sont considérées comme des documents historiques sur la vie et l’œuvre des Docteurs du régime impérial, ainsi que sur cette institution qu’étaient les concours mandarinaux.
Créer des synergies touristiques
Depuis janvier 2015, le Temple de la Littérature à Hanoi figure dans la liste de 79 objets précieux nationaux. Cette récompense, ainsi que la valeur historique du temple, sont mises en avant par les guides locaux. Le Temple de la Littérature organise souvent des colloques scientifiques pour aider les guides à approfondir leurs connaissances. Les informations qu’ils dispensent ont toutefois contribué à attirer les visiteurs. Leur nombre s’est élevé à 1,4 million en 2014, rapportant 25,7 milliards de dôngs.
Le milieu touristique est unanime. Il est temps d’élaborer des circuits de découverte des vestiges confucianistes à Hanoi et dans les provinces voisines comme Bac Ninh, Hai Duong, Hung Yên, ou même plus lointaines comme Hôi An, Huê (Centre) et Dông Nai (Sud), voire dans les pays asiatiques (Chine, Japon et Corée du Sud). Lier la découverte des sites confucianistes avec d’autres types de tourisme (visite de fermes, de villages de métier, tourisme d’affaires, écotourisme) est également nécessaire pour doper la fréquentation des visiteurs.
Le confucianisme est une doctrine morale et politique du lettré, de l’intellectuel et des classes dirigeantes, élaborée par Confucius (551-479 avant J.-C). Il suit le précepte : «Tu thân, tề gia, trị quốc, bình thiên hạ» (Se perfectionner moralement, gérer sa famille, gouverner le pays, faire régner l’ordre dans le monde). Dans les relations sociales, il préconise les vertus : humanité (nhân), justice (nghĩa), fidélité au monarque (trung), piété filiale (hiếu). C’est une éthique de l’harmonie humaine conçue pour le cadre familial et élargie au village, à la nation et au monde.