Deux fouilles archéologiques récemment menées dans le village de céramique de Chu Dâu, province de Hai Duong (Nord), ont enrichi les données sur l’histoire, l’essor et la réputation de cette filière de production datant du XIVe siècle.
Le Centre de recherche sur les capitales royales et le Musée provincial de Hai Duong se sont lancés, en décembre 2014, dans deux fouilles archéologiques dans ce village situé dans le district de Nam Sach afin de mieux comprendre l’histoire et le développement de la céramique de Chu Dâu.
«C’est la septième fois que le sol de Chu Dâu est fouillé. Mais cette fois-ci, les travaux sont menés sur une superficie plus vaste», affirme le Docteur Bùi Minh Tri, directeur du Centre de recherche sur les capitales royales (relevant de l’Académie des sciences sociales du Vietnam).
Les recherches, réalisées durant un mois sur 100 m2, ont apporté des informations essentielles sur cette céramique traditionnelle réputée pour sa forme, son émail et ses motifs et qui a connu son apogée entre les XVe et XVIe siècles.
Les objets mis à jour ont permis aux archéologues d’en savoir davantage sur l’envergure des ateliers de production, les modes de cuisson et la présence des objets dans la capitale royale de Thang Long-Hanoi.
Un four dévoilé
Lors de ces deux fouilles, des moules et des résidus de matériaux (mâchefers notamment) provenant d’un espace de production ont été révélés.
«Entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, cet espace était certainement une petite marre. Elle a été remblayée grâce à des résidus de céramique et était utilisée comme atelier par une famille d’artisans», décrit le Docteur Bùi Minh Tri.
Les traces d’un four, dont l’envergure est estimée à 6 m de long et 3 m de large, ont aussi été identifiées. C’est la deuxième fois qu’on en découvre un à Chu Dâu.
Les études sur le four ont montré qu’il était consacré à la fabrication d’objets utilisés dans la vie courante, avec trois types de produits principaux : à l’émail turquoise, blanc ou bleuté, les derniers étant décorés de motifs floraux. Les pièces à l’émail turquoise étaient majoritairement fabriquées, selon des modes de cuisson ingénieux qui peuvent être comparés à ceux des porcelaines chinoises issues de la province de Zhejiang.
De plus, «l’analyse des terres cuites récupérées près du four indiquent que cet ouvrage a été utilisé pendant longtemps et a été restauré à plusieurs reprises. Il permettait d’atteindre des températures de cuisson très élevées», estime-t-il.
Liens avec la capitale royale
Parmi les innombrables fragments de bols, d’assiettes, de vases et de brûle-parfum à l’émail turquoise, blanc ou bleuté récupérés lors de ces fouilles, de nombreuses pièces sont semblables à celles trouvées sur le site archéologique de la cité impériale de Thang Long. Notamment les assiettes ornées de chrysanthèmes, de lotus et émaillées de turquoise.
«C’est une découverte significative, qui nous permet de dire que les artisans de Chu Dâu avaient un lien avec leurs homologues de la capitale de Thang Long. Et que les céramiques de Chu Dâu étaient offertes en cadeaux à la cour royale pendant la période du début des Lê postérieurs (1428-1527)», détaille le Docteur Bùi Minh Tri.
De nombreuses pièces doivent encore être analysées, mais les résultats des fouilles obtenus jusqu’à présent ont permis de compléter considérablement les données sur l’histoire, l’existence et les bouleversements qu’a connus la céramique de Chu Dâu.
Le Musée provincial de Hai Duong propose aussi aux autorités de la province et du district de Nam Sach une préservation globale du village de Chu Dâu.
«Dans l’immédiat, nous espérons qu’elles envisageront rapidement la possibilité de construire un musée pour présenter les objets découverts lors des fouilles», dit Vu Dinh Tiên, directeur du musée.