La province de Hung Yen (Nord) vient de présenter un livre intitulé « Pho Hien », ancien port international du Nord, classé patrimoine national spécial.
Le livre est rédigé par deux auteurs principaux que sont le Docteur Nguyen Khac Hao, secrétaire adjoint du Comité provincial du Parti communiste du Vietnam de Hung Yen et le Docteur Nguyen Dinh Nha, ancien chef du Département de la publication. La rédaction de l’ouvrage a également réuni plus de 20 scientifiques de différents ministères et secteurs.
Avec plus de 800 pages sur le format 19x24, le livre décrit le parcours de fondation et de développement du site Pho Hien dans l’histoire nationale et mondiale. Les auteurs du livre ont analysé la différence entre Pho Hien et d’autres cités de même époque, les facteurs donnant l’influence sur le développement et le déclin de l’ancien port international du Nord.
Le livre comprend cinq parties. La première concerne la fondation de Pho Hien. La seconde partie raconte Pho Hien dans son apogée et son déclin avec ses relations commerciales avec d’autres régions dans et hors du pays. La troisième partie étudie les valeurs culturelles matérielles et immatérielles de Pho Hien, notamment les valeurs préservées à travers des monuments architecturaux originaux de ce site. La quatrième partie aborde les mesures de protection et d’exploitation des valeurs historiques et culturelles du site. La dernière partie regroupe les documents précieux (textes officiels, images des stèles et poèmes) sur Pho Hien et Hung Yen en général.
Pho Hien (ancienne Hung Yen), située dans la province de Hung Yen d'aujourd’hui, était un port international du Nord, rival de Hoi An au Sud, d'après l'homme de culture Huu Ngoc.
A Pho Hien vivait une population d’agriculteurs et de bateliers-pêcheurs. Au 10e siècle, Pho Hien fut le fief du Seigneur de guerre Pham Phung At. Au 13e siècle, des Chinois réfugiés y créèrent un village. Plus tard, l’endroit choisi comme siège administratif devint une bourgade florissante.
A partir du 16e siècle, certains pays occidentaux (Portugal, Hollande, Espagne, Angleterre, France) animèrent le commerce maritime avec l’Asie. Bien que situé à l'écart de ce circuit – ce qui n’était pas le cas de Hoi An (ex-Faïfo) – Pho Hien n’en a pas moins bénéficié. D’autre part, les Seigneurs Trinh voulaient développer le commerce extérieur pour mieux s’équiper dans la lutte contre les Seigneurs Nguyen du Sud, mais comme ils ne permettaient pas l’ouverture de comptoirs étrangers dans la capitale Thang Long, Pho Hien est devenu l’avant-port de cette dernière et le centre commercial le plus important du Nord. Des comptoirs étrangers s’ouvrirent : hollandais (1673-1700), britanniques (1672-1683), français (1680). D’autres marchands venaient de l’Asie du Sud-est (Siam, Malaisie, Philippines), d’Europe (Portugal, Hollande, Angleterre, France). Les Chinois ont été présents très tôt. Ils servaient d’intermédiaires pour les étrangers.
Le marchand britannique William Dampier rapporte que Pho Hien avait, à son apogée, 2.000 maisons, une garnison, une belle maison habitée par deux évêques.
Pho Hien importait des articles de luxe pour la Cour, des armes et des munitions, du cuivre, de l’or, de l’argent, des médicaments, de la porcelaine et des tissus de Chine… Il exportait épices, céramique et surtout soieries.
De la fin du 17e au début du 18e siècles, Pho Hien déclina. Les comptoirs fermèrent, les bateaux étrangers ne vinrent plus. Cette récession peut s’expliquer par plusieurs facteurs : d’une part de nombreuses révoltes paysannes (à partir des années 30 du 17e siècle) qui ont secoué le pays ; d’autre part, plusieurs autres pays d’Asie orientale (Japon, Chine) produisant et vendant davantage, et l’industrialisation des pays occidentaux qui désormais pouvait se passer de certains produits importés, ont fait perdre aux produits vietnamiens (soieries, céramique) une grande partie de leur intérêt, face à cette concurrence internationale.