Une école de Ca trù au XXIe siècle
Mettre à jour: 25 Juillet 2011
Le lancement de l’école de Ca trù de Thang Long ne marque pas seulement la forte reprise de cet art vocal reconnu par l'UNESCO comme « patrimoine culturel immatériel mondial de l'humanité » mais aussi le retour d'une ancienne forme d'organisation professionnelle tombée dans l'oubli.  

Le Ca trù («chant des courtisanes»), aussi connu sous le nom de chant «A dào» ou «Hat noi» («chant de cérémonie»), est une forme ancienne de musique de chambre du Vietnam, qui remonte à la fin du XVe-début du XVIe siècles. Selon le professeur Trân Van Khê, spécialiste de la musique traditionnelle vietnamienne, «il s’agit d’un art purement vietnamien. Dans une école de Ca trù, la façon de jouer des instruments et de chanter est très codifiée, l'évaluation et la sélection des chanteuses sont sévères, et celles-ci doivent être talentueuses, belles et aussi vertueuses». 

Jadis, afin de faciliter les affaires et les activités des écoles, ceux qui étaient engagés dans des professions traditionnelles étaient rassemblés au sein d’organisations professionnelles ou guildes, dirigées par les artistes les plus talentueux.

Toute école de Ca trù dans le passé comportait des réglementations strictes en matière de gestion et d'organisation du travail des artistes. Elle veillait aussi au maintien des principes, des manières de travailler, des qualités morales des artistes. Par exemple, le respect envers l'enseignant était fondamental. Les élèves considéraient leurs enseignants comme leurs propres parents et après chaque spectacle, ils leur remettaient souvent une partie de leurs gains.

Dans la société féodale, les chanteurs étaient méprisés en raison de la croyance selon laquelle les «chanteurs n'appartenaient à aucune classe sociale». Mais la création des écoles de Ca trù a contribué à honorer et à affirmer la position et le rôle de ces artistes dans la société.

Malgré ses valeurs particulières, le Ca trù a failli disparaître. Heureusement, grâce à sa vitalité ainsi qu’aux efforts inlassables des passionnés, cet art a repris de la vigueur ces dernières années. Après plusieurs années de recherches, le Club de Ca trù de Thang Long est né, avec des musiciens et chanteuses célèbres Nguyên Phu De, Nguyên Thi Chuc et Nguyên Thi Huê, qui ont créé la première et unique école du XXIe siècle. Le lancement de cette école aidera non seulement à ressusciter les rites et les cérémonies précieuses d'une école traditionnelle de Ca trù, comme la cérémonie de présentation de l'école, la cérémonie d’ouverture des costumes d’apparat permettant aux chanteuses de commencer à pratiquer la profession, le chant du cua dinh (« entrée de la maison communale »)…, mais il marque aussi le retour d’une ancienne forme d’organisation professionnelle tombée dans l'oubli.

C'est un bon signe pour le Ca trù, un art reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et qui a besoin d’une protection urgente.

VNI