Le mystérieux rituel de Châu van
Mettre à jour: 25 Avril 2014
Avec des valeurs culturelles et religieuses particulières, le rituel Châu van (chant et danse de transe) du peuple vietnamien a été officiellement reconnu comme patrimoine culturel immatériel national. Un dossier a été préparé en vue d’une reconnaissance par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Le Châu van, également connu sous le nom de hat van ou hat bong, est originaire du delta du fleuve Rouge, plus précisément de la province septentrionale de Nam Dinh. C'est une forme d'art religieux qui combine le chant et la danse réalisée souvent lors du rituel de Hâu dông (médiumnité) de la religion des «Quatre Lieux» ou la Déesse Mère et le Saint Trân (Saint Hung Dao Vuong). Les paroles, souvent recherchées, vantent les mérites de divinités bienfaisantes ou des héros nationaux, et sont accompagnées de musique (tambourin, castagnettes et cymbales, viole à deux cordes, haubois...). Le Châu van se pratique dans temples, sanctuaires et autres lieux sacrés.

Selon les chercheurs, jadis, les provinces de Nam Dinh et Hà Nam étaient les centres du Châu van et aussi les centres d'adoration de la Déesse Mère et du Saint Trân. La fin de la dynastie des Nguyên (fin du 19e-début du 20e siècle) a été la période la plus prospère du rituel Châu van. Des années 1950 aux années 1990, pour de nombreuses raisons, il n'a plus été pratiqué publiquement. Depuis 2000, avec le développement socio-économique et l'ouverture culturelle, religieuse, ce rituel est sorti de la clandestinité et a repris de la vigueur.

Selon les résultats d’une enquête menée en 2012, à elle seule la province de Nam Dinh compte 12 associations et six clubs avec 245 chanteurs, 246 médiums, 162 instrumentistes qui pratiquent régulièrement ce rituel dans 287 lieux sacrés.

Ce rituel a presque lieu presque toute l'année, mais est concentrée au 3e mois lunaire (à l'occasion de l'anniversaire de la mort de la Déesse Mère Liêu Hanh) et au 8e mois lunaire (à l'occasion de celui du Dieu - Père Trân Hung Dao). Ces dernières années, un concours de chant au Festival du temple de Phu Dây a attiré un grand nombre de personnes. Cela montre la forte vitalité du Châu van dans la vie moderne, qui répond au fort désir de spiritualité de la plupart des gens.

Selon le professeur Tô Ngoc Thanh, un spécialiste de la musique populaire, dans le rituel Châu van - Hâu dông, les gens utilisent tous les moyens possibles d'art pour amener une personne à un monde sublime et la faire échapper au monde profane. Dans une certaine mesure, c'est une méthode pour résoudre les problèmes de ceux qui souffrent d’un malheur. Il est associé à leur désir pour une bonne santé et du bonheur.

Le Professeur Ngô Duc Thinh, directeur du Centre pour la recherche et la conservation de la culture et des croyances du Vietnam, président du club de préservation du chant Châu Van du Vietnam, a déclaré: «La différence fondamentale entre le Dao Mâu (religion de la Déesse Mère) et les formes de chamanisme est que Dao Mâu ne se tourne pas vers la vie d'une personne après sa mort, mais vers sa vraie vie avec un désir de bonne santé, de bonne fortune et de chance. Il s'agit d'un désir pour les gens de tous les âges. Il faudrait des mesures pour préserver et développer ce rituel unique du peuple vietnamien.»

En décembre 2012, le rituel Châu van a été officiellement reconnu patrimoine national culturel immatériel dans la catégorie «Pratiques sociales et croyances». Le Premier ministre a convenu de confier à la province de Nam Dinh la tâche de préparer un dossier à soumettre à l'UNESCO pour une reconnaissance en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

On peut dire que le rituel Châu van est un patrimoine unique de la nation. Ce n'est pas seulement une combinaison des croyances et cultures traditionnelles, il a aussi a un sens très élevé au sein de la communauté. A ce titre, ce patrimoine doit être préservé et développé./.

 

VNI