L’Off-Road, le nouveau plaisir des citadins fortunés
Mettre à jour: 13 Juillet 2015
L’Off-Road est un tout nouveau sport au Vietnam, et pourtant, il a déjà beaucoup d’adeptes. Un sport mécanique où il vaut mieux ne pas trop regarder à la dépense.

Un samedi matin d’avril 2015. La paisible ville de Phan Rang - Thap Chàm, province de Ninh Thuân (Centre), est réveillée par le vrombissement  et les klaxons d’une file de 4x4 se dirigeant vers les dunes de Mui Dinh, en banlieue. C’est là le champ de course du Rallye national de tout-terrain, édition 2015, organisé dans le cadre des activités culturelles et sportives en l’honneur du 40e anniversaire de la libération du Sud (le 30 avril 1975).

Sont présents, des dizaines de 4x4 de marques prestigieuses : Ford Ranger, Nissan Navara, Mitsubishi Triton, Toyota Hilux, Land Cruiser, Mitsubishi Pajero...

Pour la première étape, à tour de rôle, deux 4x4 s’affrontent sur une piste balisée par des fanions. Les concurrents doivent franchir une dune assez raide, jalonnée de broussailles. À l’ordre donné, un Ford Ranger et un Nissan Nariva s'élancent dans un panache de fumée. Après quelques tours de piste, le Ford Ranger est largement devant  son rival. Le Nissan Navara, conduit par Bui Hao, met les gaz et parvient à se hisser à la hauteur de son adversaire. Malheureusement, il heurte une pierre. La voiture continue sa course une centaine de mètres avant de s’immobiliser, pneu arrière explosé. «Après le rallye, il me faudra débourser au moins 10 millions de dôngs pour la réparation», confie Bui Hao, dépité.

Un plaisir onéreux

Ces dernières années, au Vietnam, l’Off-Road est devenu le jeu à la mode des citadins fortunés en quête de sensations fortes. En plus des balades dominicales, les adeptes du tout-terrain se retrouvent souvent pour des rallyes à travers des parcours naturels qui peuvent être sablonneux, boueux, pierreux. Un sport qui n’est pas accessible à toutes les bourses comme l’explique  Hai Thanh, du Club d’Off-Road de Hô Chi Minh-Ville : «comptez 600 millions de dôngs pour l’achat de la voiture, 400 millions pour l’équiper de roues spécifiques et d’autres pièces adaptées au tout-terrain. Et puis ajoutez à cela des centaines de millions de dôngs annuels pour les réparations. Ce sont des investissements indispensables pour participer à un rallye».

Ba Tai, un autre concurrent du rallye, est propriétaire d'un garage. Son 4x4, il l’a conçu à partir d’une ancienne Jeep américaine. Selon lui, un ancien Uas-469 (voiture militaire russe) peut aussi faire l’affaire. «Fabriquer un 4x4 à partir d’un  vieil engin militaire coûte parfois plus que l'achat d’un nouveau», explique ce passionné. Ces véhicules retapés et améliorés sont plus conçus pour des balades tranquilles que pour des courses «le nez dans le volant».

La passion l’emporte sur tout

Dans le microcosme des passionnés d’Off-Road à Hô Chi Minh-Ville, Phan Ngoc Minh est surnommé «Minh Vulcan 4x4». Il est le distributeur officiel de deux grandes marques : Warn, des États-Unis et ARB d’Australie. Passionné de tout-terrain, il a cherché un Toyota BJ40 modèle 1979 aux quatre coins du pays. Après en avoir finalement trouvé un à Hanoi, il a déboursé 14.000 dollars (l’équivalant  de 280 millions de dôngs) pour l’achat de pièces de rechange commandées au Japon et aux États-Unis, puis 70 millions de dôngs pour le montage et la peinture de la voiture. La remise en état de l’engin a duré 9 mois. La «fleur au fusil», il s’est  inscrit au Rallye national de tout-terrain. Bien mal lui en a pris, car son beau Toyota BJ40 en est ressorti brisé : carrosserie abîmée, maints équipements cassés. Retour à l'atelier.

Ce second séjour prolongé au garage du Toyota BJ40 n’a pas été confié à un ingénieur, mais à un mécano expert en Off-Road. Une fois de plus, Minh a dû consacrer pas mal de temps pour dénicher  des pièces de rechange. Une centaine de millions de dôngs a été rajoutée à la facture déjà bien garnie. Après des mois de réparation, le tout-terrain a retrouvé une seconde jeunesse. Et «Minh Vulcan 4x4» a pu à nouveau participer au Rallye national de tout-terrain, édition 2015, et cette fois-ci le finir sans avoir besoin de repasser à la case garage.                 

CVN