Ils seront plus de 1.000 à se présenter sur la ligne de depart du Viet Nam Mountain Marathon, samedi 26 et dimanche 27 septembre, dans les montagnes de Sa Pa, province de Lào Cai (Nord). Prise de température avant que les coureurs ne chaussent leurs baskets.
Le Viet Nam Mountain Marathon (VMM) prend de l’ampleur. Plus de 1.000 coureurs venus de 45 pays seront au départ de la troisième édition de la course «la plus difficile du Viet Nam», ce week-end dans les montagnes entourant Sa Pa. Ils étaient 200 en 2013. La manifestation semble avoir trouvé son public.
Les athlètes s’élanceront sur quatre distances: 10, 21, 42 ou 70 km, avec un dénivelé positif allant de 500 à 3.000 mètres. Parmi les coureurs, 150 Vietnamiens. «Vingt-deux prendront le départ du 70 km, alors qu’il n’y en avait qu’un lors de la première édition et cinq lors de la deuxième, commente Asger Koppen, directeur de la course. Courir sur de longues distances est relativement nouveau pour eux. Mais ce sport se développe». En témoigne la création, il y a deux ans, du groupe Long distance runners (LDR), à Ha Noi. Une vingtaine de ses 150 membres actifs sont d’ailleurs inscrits au VMM.
Plus que la participation des Vietnamiens en général, les organisateurs encouragent celle des habitants de la province de Lào Cai. «Ils peuvent s’inscrire gratuitement pour le 10 km, le jour de la compétition, détaille le directeur de la course. Je pense qu’une cinquantaine seront présents. Mais on ne sait jamais vraiment combien vont venir. Cela dépend du travail à effectuer dans les rizières, de la météo».
Découvrir Sa Pa, aussi pour les Vietnamiens
Asger Koppen, d’origine danoise et directeur de l’agence de voyage Topas Travel, connaît le Viet Nam depuis vingt ans. Il vit dans les montagnes de Sa Pa. «Je courais moi-même sur de longues distances. En découvrant la beauté des paysages de la région, je me suis dit qu’il fallait absolument y créer un trail». Ce qu’il fait, avec l’aide des autorités de la province de Lào Cai et de l’ambassade du Danemark à Ha Noi.
La plupart des coureurs participent d’ailleurs au VMM pour «courir dans un cadre magique, au fil des rizières en terrasses et des chemins habituellement empruntés par les buffles, et découvrir le mode de vie des communautés locales», résume Asger Koppen. Un état d’esprit confirmé par Paul Nicolas, 33 ans, qui courra le semi-marathon. «Je n’ai pas d’objectif de temps. Je prend plutôt cette course comme une aventure», commente le Français, à Ha Noi depuis six ans.
Nombreux sont aussi ceux qui n’hésitent pas à traverser la planète pour être sur la ligne de départ. Cécile Laurent fera par exemple le voyage depuis l’Australie. «Cette course est un excellent moyen de découvrir le pays, en courant dans des endroits reculés que peu de touristes visitent, se réjouit la Française de 26 ans. Nous aurons l’occasion de traverser des villages, de prendre des photos. Car c’est aussi ça le trail, s’arrêter pour profiter des paysages».
Si les étrangers se réjouissent de cette découverte, les Vietnamiens aussi. «Je suis Hanoienne, mais je ne suis jamais allée à Sa Pa», décrit Nguyên Cam Thao, 35 ans, qui s’alignera sur le 42 km.
Entraînement sur des chemins techniques
Reste que la beauté des paysages n’enlève rien au défi physique, de taille. «Courir en montagne n’est pas comparable à une sortie à plat. Il est indispensable de bien gérer son effort, prévient Asger Koppen. Il faut compter à peu près le double de temps pour effectuer la même distance. Je pense que la moitié des coureurs du 42 km et la moitié du 70 km vont terminer de nuit. Soit une centaine de personnes».
La montée, c’est ce que redoute Nguyên Cam Thao. Elle a toutefois mis toutes les chances de son côté en s’entraînant régulièrement avec le groupe LDR dans la région de Soc Son, à une quarantaine de kilomètres au nord de Hanoi, sur le mont Ham Lon. Ainsi qu’en faisant quelques sorties dans la région de Tam Dao. «Je cours également trois fois par semaine dans la capitale». Même technique pour Cécile Laurent, qui a déjà participé à plusieurs trails en France et en Australie. «Je cours entre trois et quatre fois par semaine, avec au moins une sortie de plus de 20 km et une dans les collines autour de Melbourne, sur des chemins techniques. Je nage et je vais travailler en vélo».
Paul Nicolas s’est lui contenté d’un entraînement à Hanoi, autour du lac de l’Ouest ou à proximité du fleuve Rouge. «J’irai à mon rythme», confie-t-il.
Si chacun s’est préparé à sa manière, tous seront confrontés aux mêmes conditions météorologiques. «En cas de pluie, les chemins seront glissants et boueux», avertit Asger Koppen, précisant que des points de contrôle, où eau et bananes seront à disposition, sont prévus tous les dix kilomètres. Le jour J, il sera posté à cinq kilomètres de l’arrivée, sur la partie la plus difficile du tracé, l’ascension du Mont Silverstone. «Le chemin est très raide sur un kilomètre».
Ambiance exceptionnelle dans l’aire d’arrivée
Une fois cette dernière difficulté avalée, ne restera plus aux coureurs que la descente vers la ligne d’arrivée, au Topas Ecolodge. «L’ambiance y est incroyable, dans un cadre tout aussi exceptionnel. Tous les coureurs se retrouvent, félicitent ceux qui viennent de terminer. C’est très émotionnel», décrit David Lloyd, vainqueur du 42 km lors de l’édition 2014. Cette année, le Britannique de 34 ans participera à l’aventure autrement. Il enfilera ses baskets pour réaliser les films et les photos de la course.
À l’approche du coup d’envoi, Asger Koppen se dit serein. Il ne redoute qu’une chose. «Que les enfants des minorités locales, certes charmants, utilisent, comme lors des deux précédentes éditions, les rubans plastiques qui marquent le tracé comme bandeau».