Van Phuc : La route de la Soie passe aussi par le Viet Nam
Mettre à jour: 18 Juillet 2017
Le village de Van Phuc est le berceau de la soierie artisanale. Situé dans l’arrondissement de Hà Dông, à Ha Noi, il reste aujourd’hui la grande référence en la matière. C’est bien simple, au Viet Nam, la soie, c’est à Van Phuc que ça se passe!  

D’après des annales, les documents historiques et les reliques, la fondation de Van Phuc remonterait au 9ème siècle. C’est à une certaine A La Thi Nuong que le village doit sa renommée artisanale: c’est elle, en effet, qui y aurait introduit la culture des mûriers, l’élevage des vers à soie et même le tissage…

Autant de bienfaits qui lui auront valu le titre posthume de génie tutélaire, avec tous les sanctuaires et la vénération qui s’y rattachent. De nos jours encore, on peut admirer à Van Phuc une stèle commémorative et un très vieux métier à tisser, témoins d’une histoire glorieuse.

Glorieuse, l’histoire de la soie de Van Phuc l’aura certes été, et à maints égards. Nombreux ont été les monarques qui se sont fait confectionner des costumes en soie naturelle de Van Phuc, notamment ceux de la dynastie des Nguyên. Mais ce n’est pas tout. La renommée de cette soie a largement dépassé les frontières du Viet Nam. Dès 1931, les produits de Van Phuc étaient exposés en France, à Marseille plus précisément, et présentés comme étant la fin de la fin de l’artisanat indochinois. Et de nos jours, il n’est que de voir l’animation qui règne dans les magasins de Van Phuc pour comprendre à quel point sa soierie y est une industrie florissante.

Pham Khac Hà, président de l’association des artisans de Van Phuc: «Van Phuc compte 8 maîtres-artisans reconnus par l’Etat, 164 ateliers de production et des centaines de magasins… Dans l’immédiat, nous voudrions faire de Van Phuc un véritable centre touristico-artisanal. La ville de Hanoï nous a d’ailleurs donné son feu vert.»

Triêu Van Mao est décédé en 2010. Pendant longtemps, il est resté le seul détenteur des techniques de tissage de la soie Vân, qui est une soie très particulière, typique de Van Phuc. Fort heureusement, il a pu léguer son savoir-faire à ses descendants, lesquels lui font aujourd’hui honneur, notamment sa belle-fille Nguyên Thi Tâm qui a été promue citoyenne d’honneur de Hanoï en 2015 et qui gère actuellement l’atelier familial.

«Mon beau-père était un maître-artisan à l’ancienne, complètement dévoué à son métier. Il avait su remettre à l’honneur la soie Vân à l’occasion du millénaire de Thang Long-Hanoï, en préparant des cadeaux, décorés avec différents emblèmes de Hanoï. Je suis très fière de tout ce qu’il a fait, et personnellement, ça m’encourage à persévérer.»

En plus d’être des tisserands de premier ordre, les villageois de Van Phuc sont des entrepreneurs particulièrement actifs. Aujourd’hui, leurs affaires marchent bien, très bien même…

Mais comment s’y prennent-ils pour produire ces fameuses étoffes de soie? Hoàng Diêu Khanh, de l’atelier de Triêu Van Mao: «Il faut d’abord faire bouillir les cocons de vers à soie dans une grande marmite avant de pouvoir embobiner les fils et de pouvoir passer au tissage proprement dit. Chaque ouvrier assume une tâche bien spécifique. Je dirais qu’en moyenne, nous tissons entre 5 et 6 mètres de soie naturelle par jour.»

Les produits de Van Phuc sont connus pour leur souplesse, pour leurs coloris, pour leurs motifs de décoration… Nguyên Thi Tâm, encore une fois: «La soie Vân est ce qui se fait de mieux, à Van Phuc. C’est une soie transparente, sans ride. Elle est assez lâche au niveau de la trame, mais pourtant, c’est très difficile à déchirer. Et c’est vraiment une spécialité locale. Beaucoup de tisserands sont venus ici pour essayer de percer les secrets de sa fabrication, mais aucun n’y est parvenu, jusqu’à présent.»

Pour celles et ceux qui en doutaient encore, la route de la Soie passe bel et bien par le Viet Nam, et plus précisément par Van Phuc qui en est le caravansérail enchanté…

AVI