Le Vietnam a donc demandé en mars dernier à cette organisation onusienne de reconnaître le ca trù comme un patrimoine culturel immatériel à protéger d'urgence. Jusqu'à présent, le dossier a passé 2 cycles d'évaluation.
Le premier concernait l'appréciation du secrétariat de l'UNESCO en se basant sur le respect des critères de l'organisation. Question de formalités certes, mais très importante car il est demandé que le dossier trouve la participation de la communauté et pas seulement celle des chercheurs. Selon l'UNESCO, la protection des patrimoines culturels immatériels dépend de la communauté qui en dispose, l'organe de gestion étatique ne se chargeant que d'accorder ses assistances en vue de cette protection. Ainsi, la communauté exprime par son consensus la constitution du dossier et elle évalue les valeurs du patrimoine, s'engage à le protéger et élabore un plan à cette fin. Dans ce cas ci, 22 clubs du
ca trù ont exprimé leur soutien, leur désir de protection et les actions prévues pour assurer sa diffusion et son enseignement.
De stricts jugements professionnels
Le 2e cycle d'évaluation est beaucoup plus pointu, du fait que les dossiers sont confiés par l'UNESCO à des spécialistes indépendants et à des organisations non gouvernementales pour évaluation. Le choix des experts est tenu secret. Selon Lê Thi Minh Ly, directrice adjointe du Département des Patrimoines culturels, le dossier du ca trù a été examiné à la loupe par 2 spécialistes du Conseil international de la musique traditionnelle. Heureusement, il semblerait que "ces 2 personnes avaient déjà mené des études sur le ca trù", annonce-t-elle. Et dans leurs conclusions, ils soulignaient que cette musique traditionnelle "a satisfait les 5 critères permettant de bénéficier de la protection d'urgence appliquée au patrimoine culturel immatériel". Ils ont demandé au conseil consultatif du comité intergouvernemental de la Convention 2003 sur les patrimoines culturels immatériels de prendre officiellement position sur le ca trù lors de la prochaine réunion de l'UNESCO prévue en septembre prochain.
Lors de cette réunion, en tant qu'un des 24 pays membres du comité exécutif du comité intergouvernemental, le Vietnam aura ainsi le droit de voter pour les patrimoines dont le ca trù et aussi le quan ho (chants alternés).
Après le quan ho et le ca trù, les organes de gestion culturelle du Vietnam envisagent de présenter de nouveaux dossiers. Selon une récente information, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme vient de demander la permission au Premier ministre de présenter un dossier sur le hát xoan (chant printanier). Partie intégrante des cérémonies de culte aux génies au temps des rois Hùng, dans la province de Phu Tho (Nord), ce chant d'une grande valeur est menacé actuellement de disparition. Le Département des patrimoines culturels cherche à diversifier les candidatures des patrimoines culturels immatériels pour encourager les localités à s'y intéresser. Selon Mme Ly, l'épopée du Tây Nguyên, les marionnettes sur l'eau, la céramique Bàu Truc de l'ethnie Cham... sont autant de "candidats éventuels".