Rejoindre le village de Be, perché à une altitude de près de 2.000m dans la commune de Tà Xùa, dans le district de Bac Yen, province de Son La (Nord), n’est pas une mince affaire. Mais ce périple vers la contrée des théiers séculaires Shan tuyet Tà Xùa se mérite.
À cette altitude-là, on peut déjà s’offrir des vues à couper le souffle si la brume le veut bien. Suivant Mu Thi Ca, une jeune fille de l’ethnie locale H’mông, on a la chance d’arriver après des heures de marche sur des chemins escarpés à l’heure de la cueillette.
La cueillette du bourgeon de thé Shan tuyet et des deux feuilles de thé suivante est ce qui se fait à peu près de mieux en matière de thé. Mais elle s’annonce périlleuse : il faut grimper dans ces arbres et récolter bourgeons et feuilles de thé tout en se maintenant en équilibre sur la cime. Chaque pied donne chaque saison quelques kilogrammes de jeunes bourgeons.
Une fois cueillis, les bougeons de thé fraîches sont étalés avant d’être séchés au feu de bois, dans la plus grande simplicité. Cela signifie que le geste, le contrôle au toucher, à la vue, à l’odeur de la qualité des feuilles vont intervenir à chaque étape de l’élaboration du thé.
À la tasse, cela donne quelque chose de délicat, laisse sur les papilles une sensation de douceur et un arrière-goût suave et qui a gardé un peu de l’odeur du feu, un thé qui embrasse le jaune miel et qui porte en lui la simplicité et la générosité de cette hospitalité paysanne.
Selon Mu Thi Ca, ces théiers séculaires, dont certains sont âgés de plus de 200 ans, sont liés depuis des siècles à la vie des habitants H’mông.
La commune de Tà Xùa compte 138 ha de théiers Shan tuyet, parmi lesquels 78 ha sont prêts pour la récolte et environ 2.000 pieds âgés de plus de 200 ans qui donnent chaque année 50 tonnes de bourgeons et 10 tonnes de thé séché, ont indiqué les autorités locales.
Tha Van Lon, responsable de la Chambre d’agriculture du district Bac Yen, a fait savoir : «Tà Xùa a été couverte de neige lors des vagues de froid historiques de fin 2016. Le théier Shan tuyet fut le seul arbre à avoir survécu».
Auparavant, le thé Shan tuyet était récolté et commercialisé par des ethnies minoritaires, mais faute de techniques de conservation, il ne se vendait qu’au prix de 200.000 à 400.000 dongs/kilo de thé séché.
Conscients que le thé Shan tuyet Tà Xùa est une variété rare et une importante source de revenus pour les habitants locaux, les autorités locales ont déployé un « projet de réhabilitation et de développement de la zone de culture de théiers Tà Xùa».
Ils ont également coopéré avec la SARL de thé et de spécialités du Nord-Ouest (Tafood) pour développer le label « Thé Shan tuyet Tà Xùa». À la mi-décembre 2017, le district de Bac Yen a organisé une cérémonie de remise du droit d’exploitation et de développement du thé Shan tuyet Tà Xùa à Tafood. Tafood se charge ainsi de l’écoulement des produits théiers de 11 villages de la commune de Tà Xùa.
Cette compagnie a commencé par créer une zone de culture de théiers, puis elle a construit à Tà Xùa une usine dotée de chaînes de séchage modernes. L’application de technologies avancées associées au savoir-faire artisanal des H’mông a porté plus loin la réputation du thé Shan tuyet Tà Xùa.
Tafood accorde des aides aux cultivateurs locaux en leur apprenant à cueillir les bourgeons et achète leur production à des prix élevés. Elle écoule ses produits sous la marque commerciale Shanam, comprenant thés en sachet et en boule de toutes sortes fabriqués à partir des bourgeons de thé Shan tuyet, ainsi que les thés Truc et May.
«Auparavant, les meilleures spécialités vietnamiennes qui rapportaient gros, étaient exportées à l’étranger. Aujourd’hui, le marché intérieur est bien porteur comme les Vietnamiens jouissent d’un niveau de vie élevé», a confié Pham Van Bach, représentant de Tafood.