Estampes de Hàng Trông, l’art de faire du neuf avec de l’ancien
Mettre à jour: 17 Janvier 2018
«Faire du neuf avec de l’ancien», tel est le thème d’une exposition d’estampes de Hàng Trông qui a lieu actuellement à Dông A Gallery, au 115 rue Nguyên Thai Hoc, à Ha Noi, dans le cadre d’un projet du groupe S River qui vise à préserver les belles traditions culturelles nationales.

Hàng Trông est une rue du vieux quartier de Ha Noi. Dans le passé, à l’occasion du Nouvel An lunaire, les artisans proposaient dans cette rue des estampes populaires que les habitants de la capitale utilisaient pour décorer leur maison durant cette période festive. Au début, c'est-à-dire il y a à peu près 400 ans, les estampes de Hàng Trông étaient exclusivement destinées au culte ou à la décoration. Vers le début du 20ème siècle, elles se sont diversifiées en s’accaparant de nouveaux thèmes liés à la vie quotidienne ou aux contes populaires.

Dans cette exposition, on peut découvrir ou redécouvrir ces estampes en six couleurs: rouge, orange, jaune, rose, vert et bleu. Mais il y a aussi un espace réservé à des motifs antiques qui sont utilisés dans le design moderne. « Faire du neuf avec de l’ancien », nous y voilà… C’est en tout cas ce qu’explique Trinh Thu Giang, enseignante à l’Université d’architecture de Hanoi, fondatrice du groupe S River.

«La nouveauté, c’est que cette exposition ne se contente pas de présenter ces estampes telles qu’elles étaient utilisées autrefois, c'est-à-dire comme décoration ou comme objet votif à l’occasion du Têt», dit-elle. «Non, l’idée, c’est aussi d’introduire les couleurs et les motifs de ces estampes dans le design moderne, par exemple sur des emballages ou des boîtes de fruits confits, ou encore sur du tissu.»

Les membres du groupe S River, qui travaillent tous dans le design, souhaitent donc redonner une nouvelle vie à ces estampes  en utilisant les motifs pour agrémenter des produits de consommation quotidienne.

«Nous nous inspirons des estampes de Hàng Trông dans nos créations et nous espérons bien  donner des idées aux jeunes, histoire de faire revivre ces estampes dans la vie moderne», confie Nguyên Thi Minh Hang, un membre du groupe.

Pour Nguyên Xuân Thanh, ancien doyen de la Faculté de sculpture à l’Université des beaux-arts du Viet Nam, ces estampes valent qu’on se démène pour elles.

«Les estampes de Hàng Trông sont différentes de celles de Dông Hô. Etant destinées à des citadins ou à tout le moins à des personnes d’un certain niveau culturel, elles évoquent les problèmes sociaux de manière assez subtile. Les membres du groupe S River veulent non seulement préserver ces estampes, mais aussi les utiliser comme une nouvelle matière artistique», explique-t-il.

L’exposition s’inscrit donc dans le cadre d’un projet du groupe S River, le premier au Viet Nam à présenter une approche analytique de ces estampes de Hàng Trông dans le but de les faire connaître du public et de donner de l’inspiration aux artistes vietnamiens.

AVI