Des sons de tambours ont retenti et des centaines de personnes se sont rassemblées vendredi 6 avril devant la maison communale du village de An Hai, commune de An Hai, le district de Ly Son, province de Quang Ngai (Centre) pour célébrer le culte des soldats de la cour royale en mission sur l’archipel de Hoàng Sa (Paracels).
Des bâtonnets d’encens brûlent sur l’autel principal placé dans la cour, face à la mer. Organisateurs, délégués et habitants locaux se sont souvenus avec émotion de l’histoire de la flottille de Hoàng Sa, jadis envoyée étudier les îles, établir des cartes, en dresser le cadastre, exploiter économiquement et exercer la souveraineté du Vietnam sur l’archipel.
"Les augustes prédécesseurs de la dynastie régnante (c’est-à-dire les seigneurs Nguyên) avaient créé la compagnie de Hoàng Sa composée de 70 soldats recrutés à tour de rôle parmi les habitants du village de An Vinh”, a décrit le Phu Biên Tap Luc (Mélanges sur le Gouvernement des Marches) écrit par Lê Quy Dôn en 1776.
"Chargée de la mission de collectage, elle partait chaque année au troisième mois, munie de vivres pour six mois. Embarquée sur cinq petites jonques, elle traversait la mer en trois jours et trois nuits pour atteindre leur lieu de séjour qu'était cet archipel", a-t-il fait savoir.
"Les marins y collectaient à leur guise divers produits, complétaient leur ration alimentaire par des poissons, acquéraient en grande quantité diverses marchandises provenant des navires naufragés et recueillaient beaucoup de produits marins. Au huitième mois, ils revenaient au port de Yêu Môn et se présentaient à la capitale de Phu Xuân pour la livraison de leurs acquisitions", a-t-il indiqué.
"Chaque année, au dernier mois de l’hiver, les Nguyên y envoient une flottille de 18 jonques pour les récupérer, obtenant ainsi en grande quantité de l’or, de l’argent, des monnaies, des fusils et des munitions", a également rapporté Dô Ba dans son ouvrage Toàn Tâp Thiên Nam Tu Chi Lô Dô Thu (Collection de cartes indiquant quatre itinéraires au sud du ciel) écrit au XVIIe siècle.
“Du port de Dai Chiêm, on atteint l’archipel en traversant la mer en un jour et demi tandis qu’il suffit d’une journée si l’embarquement se fait au port de Sa Ky”, a précisé l’auteur originaire de Thanh giang Bich triêu, au patronyme de Dô Ba et au pseudonyme de Dao Phu.
Les marins ont été recrutés par le gouvernement, ont reçu ses prestations du gouvernement, ainsi que les permis de travail et les instructions du gouvernement. La légende veut que chacun devait préparer une paire de nattes, sept barres de bambou et sept cordes de rotin, ce qui servait, si par malheur un décès survint, à envelopper son corps et à l’immerger en mer.
Le voyage étant plein de périls, le jour du départ, leurs familles et leurs proches organisaient une cérémonie pour leur souhaiter bon voyage. Pendant les rituels, des bateaux votifs, des offrandes et des effigies de marins sont lancés sur la mer, censés attiraient le “mauvais oeil” sur les soldats pour éviter qu’il regarde de leur côté.
Aujourd’hui, les familles de l’île de Ly Son organisent “Lê khao lê thê linh Hoàng Sa”, le 2e mois lunaire de chaque année. Entrée dans les mœurs, cette cérémonie honore et exprime la gratitude envers les soldats courageux qui ont défendu la souveraineté sacrée du pays.