Hanoi : le temple Quan Công se refait une beauté
Mettre à jour: 09 Août 2010
Hanoi et Toulouse (France) viennent d'achever la restauration du temple Quan Dê (Quan Công), dans l'ancien quartier de Hanoi. L'édifice est rouvert au public à travers une exposition tenue jusqu'au 30 septembre.
Le temple Quan Dê, situé au 28, rue Hàng Buôm (Hanoi) est dédié à Quan Thanh Dê (Quan Công ou Quan Vu, Guan Yu), général chinois de la période des Royaumes combattants (Ve - IIIe. avant J.C.). Comme l'ensemble des bâtiments du vieux quartier de Hanoi, maisons ou édifices religieux, le temple Quan Dê présente un parcellaire long et étroit et une succession de cours et de bâtiments. Il possède une ossature en bois sculptée, uniquement assemblée par emboîtement de différents éléments, qui repose sur des socles en pierre. La toiture est faite de tuiles en écailles de poisson.

Les 2 stèles situées à l'intérieur du temple nous renseignent sur 2 restaurations antérieures, au début et à la fin du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, la communauté chinoise de Hanoi l’a restauré et agrandi. Les Chinois étant principalement des commerçants, les travaux ont été effectués par des ouvriers vietnamiens. Le temple présente donc encore aujourd'hui une architecture originale, essentiellement vietnamienne mais intégrant divers éléments d'influence chinoise, telles les portes de l'appentis ou la base en pierre des colonnes.

Suite à la longue période de guerre qu'a connu le Vietnam, 5 familles se sont progressivement installées dans le temple, dans des conditions de salubrité particulièrement difficiles (un seul point d'eau, un seul sanitaire). Ces familles avaient partiellement modifié le bâtiment (destruction de certains éléments et surtout rajouts d'autres) et n'étaient pas en mesure de l'entretenir. La partie consacrée au culte, en fond de parcelle, était effondrée et en partie envahie par la végétation. Par ailleurs, la toiture étant largement abîmée, des infiltrations d'eau avaient détruit certains éléments de la structure en bois, qui était également attaquée par les termites. Il était donc urgent d'intervenir car d'une part, cela mettait en péril la vie des habitants et d'autre part, le lieu de culte était difficile d'accès et dangereux.

Conservation versus reconstruction

Dans la perspective du Millénaire de Hanoi, ce temple a fait l'objet d'un projet de restauration et d'aménagement (les 5 familles installées dans l'édifice ont accepté de déménager). Le but était de sauvegarder autant l'oeuvre d'art que le témoin de l'histoire et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument.

Le chantier a duré plus d'un an et mobilisé quelque 35 artisans, ainsi que des architectes en charge du projet. Précisément, 14 artisans ébénistes, 18 poseurs de briques, un couvreur, 2 personnes chargées des détails de décoration ont travaillé sur le chantier. L'architecte a également fait appel à des artisans du village de Tràng Son (district de Thach Thât, Hanoi), spécialisés dans le travail du bois pour les portes et les fenêtres. Les travaux ont été financés et supervisés conjointement par Hanoi et Toulouse, dans le cadre d'un accord de coopération qui lie les 2 villes depuis maintenant 15 ans.

Pour le temple Quan Dê, les autorités, architectes et artisans ont pris le parti de préserver au maximum les éléments originaux afin de conserver le témoignage des techniques traditionnelles oubliées et d'essayer de les recréer. On a donc choisi de réparer plutôt que de remplacer systématiquement les parties détériorées des structures anciennes : conservation et restauration des charpentes, des maçonneries et des sculptures et remplacement de celles qui étaient altérées, de façon à garder un maximum d'authenticité. L'intervention a favorisé l'utilisation de méthodes et de techniques traditionnelles. Au niveau du visuel, une distinction claire est faite entre éléments anciens et nouveaux.

Trois statues occupent l'espace consacré au culte. Elles représentaient Quan Dê entouré de son fils Quan Binh (Guan Ping), et de son général Chu Thuong (Zhou Cang). La statue centrale, en bronze, était en bon état. Les 2 autres en bois avaient donc subi les ravages du temps (termites, humidité, éléments manquants). Des techniques similaires à celles utilisées pour la structure et les décors ont été employés pour leur redonner leur cachet d'antan.

Cinq artisans du village de Son Dông (district de Hoài Duc) sont venus pour ce travail délicat. L'analyse de l'état des statues a permis d'observer qu'elles étaient constituées de plusieurs blocs de bois. Elle a également révélé que le noyau des 2 statues était complètement détérioré. Les artisans ont donc procédé à une restauration des parties extérieures en bon état et ont refait la partie centrale. Par ailleurs, la pluie avait abîmé la tête de l'une des statues. Elle a donc été refaite en partie, le visage étant quant à lui conservé
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Pour assembler anciens et nouveaux éléments de bois, une résine traditionnelle concoctée par les artisans du village de Son Dông a été utilisée. La recette de cette colle, transmise de génération en génération, est un secret gardé jalousement au sein de chaque famille du village. Cette technique est beaucoup plus longue à mettre en oeuvre que la création d'une nouvelle statue (3 mois de restauration pour une statue contre seulement un mois pour en construire une nouvelle) car la résine nécessite 2 mois de séchage. Mais une fois sèche, elle se révèle particulièrement efficace. Ces statues ont été peintes, dorées et laquées dans le respect des techniques traditionnelles.

Aujourd'hui restauré, le temple Quan Dê va conserver sa fonction culturelle et en intégrer de nouvelles : lieu de réunion et de rencontre des habitants du quartier et de sensibilisation du public dans le cadre d'un réseau de site : "le Centre d'information sur le patrimoine du vieux quartier". Une exposition sur la restauration du temple Quan Dê est ouverte du 30 juillet au 30 septembre, 28 rue Hàng Buôm, Hanoi. Entrée gratuite.
Le courrier du Vietnam