"L'habitude de lire chez les Vietnamiens a tendance à diminuer", ont averti la plupart des participants au séminaire "État des lieux et mesures pour promouvoir la pratique de la lecture au Vietnam", qui vient d'avoir lieu à Hô Chi Minh-Ville.
Les rapports du Département de l'édition montrent que 24.589 titres totalisant 273.538 exemplaires ont été publiés en 2009, soit une augmentation de 7% sur l'année précédente. Mais selon Quach Thu Nguyêt, ancienne directrice de la Maison d'édition Tre, il n'y a pas de "fièvre" sur certains titres avec des ventes de dizaines de milliers d'exemplaires comme autrefois. "Ce n'est pas un signe positif en termes de culture de la lecture au Vietnam", a-t-elle affirmé.
Toujours selon cette dernière, la bibliothèque de l'école a une grande influence sur l'acquisition de la pratique régulière de la lecture. Mais celles-ci demeurent encore pauvres actuellement en termes de renouvellement de leurs titres, par faute de moyens. Leurs équipements modestes n'attirent pas les lecteurs, en particulier les enfants.
Le philosophe Bùi Nam Son a souligné que cette tendance se constate aussi à l'étranger, en raison des nouveaux support tels que télévision, informatique et jeux, sans oublier que le travail représente une plus grande part de l'activité des gens qu'autrefois, laissant de moins en moins de temps pour lire.
Dans l'optique de conserver ainsi que de promouvoir "la culture de la lecture", l'écrivain Nguyên Ngoc a insisté sur le rôle essentiel du milieu familial, dans lequel l'amour de la lecture est transmis entre générations et où l'habitude de lire est acquise. "Il faudrait donc créer des bibliothèques familiales en un endroit accessible à tous les membres de la famille", a avancé Nguyên Ngoc.
Le poète Inrasara (ethnie Cham) a ajouté que la bibliothèque familiale devrait également être celle de la communauté : les voisins doivent pouvoir emprunter des livres.
Par ailleurs, l'acquisition de l'habitude de la lecture est également une responsabilité qui incombe à l'éducation, toujours selon les conférenciers, notamment par l'intermédiaire de la littérature dont le rôle est important. Raison pour laquelle le programme d'enseignement de cette dernière devrait être revu tous les 3 ans afin d'équilibrer oeuvres classiques et contemporaines. Or actuellement, les oeuvres littéraires enseignées relèvent généralement du répertoire classique... Enseigner la littérature comme la lecture implique également de former un corps d'enseignants qualifié : ce sont eux qui sont le mieux placés pour susciter l'amour de la lecture aux élèves dès leurs premières années de scolarisation. La réhabilitation et la réorganisation des bibliothèques scolaires sont indispensables. Les conférenciers ont proposé de créer une Journée nationale de la lecture qui pourrait coïncider avec celle mondiale, le 24 mars de chaque année.