Le village de Cô Dô, pépinière des peintres, commune éponyme, district de Ba Vi, Hanoi, est situé au confluent entre le fleuve Rouge et le fleuve Dà et lui donne ce caractère très particulier.
A Cô Dô, lorsque vient le crépuscule, les habitants de tout âge préfèrent sortir, se rendre vers la digue, la maison communale, ou les vergers qui bordent le village, plutôt que de rentrer chez eux.
Un chevalet de peintre sous le bras, ils s’installent, sortent les pinceaux et s’inspirent des rizières, des buffles broutant l’herbe qui pousse en abondance, des chaumières nichées sous l’ombrage d’une touffe de bambou, de ce toit aux quatre coins recourbés d’une pagode, de l’aréquier donnant ses fruits à côté d’un vieux puits.
D’après les chercheurs, Cô Dô a eu de nombreux noms par le passé : tels Cô Câm, An Dô, ensuite Cô Sat pendant la résistance contre les colonialistes français, exprimant une volonté de fer des Vietnamiens. Ces lieux ont été peuplés dès l'Antiquité. Des fouilles ont révélé des traces culturelles, historiques, avec la découverte de plusieurs objets enterrés dans des tombes datant du IIIe siècle avant J.C. au Ier siècle.
Une fois à Cô Dô, on peut se rendre dans un temple de renom dans la montagne Câm Son, qui possède une architecture spéciale. Un autre est dédié à la princesse Thiêu Hoa, fille du Roi Hung IX, ayant appris aux habitants à tisser la soie.
Ce village est connu pour sa pépinière d'étudiants d'élite, où deux ministres de la cour réputés sous la dynastie des Lê : Nguyên Su Manh et Nguyên Ba Lân, y logeaient. Le premier fut un mandarin intègre, droit et un éminent diplomate. Le second, un mandarin spécialisé en génie civil et militaire. Il a largement contribuer dans la lutte contre l'ennemi à Son Tây, province de Cao Bang (Nord-Ouest).
Les 800 familles installées à Cô Dô ont toutes un ou deux peintres par génération. Hommes, femmes, et enfants, peu importe l'âge pourvu que l’on ait la passion.
Cette tradition remonte dès la période sous la domination française : de nombreux villageois faisant leurs études en peinture à l’Ecole des beaux-arts d’Indochine à Hanoi devinrent des peintres de renommée nationale, dont Si Thiêt, Trân Hoà, Quang Trung, et Nguyên Si Tôt notamment, qui retranscrit sur ses pages les innombrables épisodes qu’il vécut, des petits détails du quotidien aux grands jalons de la révolution.
L’exposition majeure intutilée "Peinture de Cô Dô" organisée en 1944 par l’Association vietnamienne des beaux-arts, a dès lors donné le surnom définitif à ce petit bourg de "Village des peintres".
Rappelons que les peintres à Cô Dô, également professeurs de peinture, transmettent avec tout leur coeur les secrets de cet art aux jeunes générations. Le village a un club de près de 30 peintres représentant toutes les générations, et qui excellent sur le thème des travailleurs simples, des villages de pêcheurs et des paysages enchanteurs, paisibles dans la terre riche de légendes comme Son Tinh, Thuy Tinh,...
Le Comité populaire provincial de Ha Tây (actuellement relevant de Hanoi) avait donné son aval, en septembre 2006, pour la construction du "Musée des beaux-arts de Si Tôt et sa famille", d’un montant de 250 milllions de dôngs. Ce musée est vite devenu un établissement culturel d’éducation des traditions, de rencontres pluri-générationnelles entre les villageois et une destination fréquentée par les touristes.
Ces derniers sont ébahis par des centaines de tableaux artistiques et l'attirail nécessaire à leur réalisation. Ils évoquent les images paisibles et familières de la ruralité de l'ensemble du Vietnam.
Les peintres les plus talentueux et réputés du village de Cô Dô ont contribué à faire connaître l'art pictural du pays à l'étranger : certaines de leurs oeuvres les plus représentatives sont préservées dans les grands musées de France, d’Allemagne, de Suède, etc.