Un amour à la citadelle est le fruit du partenariat artistique entre le Vietnam et la France dont les réalisateurs sont le VNOB et l'Espace. C'est une œuvre associant ballet, danse contemporaine et la danse traditionnelle du delta du fleuve Rouge. Pour cette réalisation, Bertrand d'At et un assistant australien sont présents depuis des mois à Hanoi.
Ce ballet raconte la légende de l'amour entre My Châu, princesse du roi An Duong Vuong du royaume Âu Lac et Trong Thuy, fils de Triêu Dà, roi chinois. Amour qui s'est fini par la mort tragique de My Châu, tuée des propres mains de son père lorsque celui-ci a découvert la vérité sur son beau-fils, qui était un espion de Triêu Dà. Le mariage de Trong Thuy avec My Châu n'était en fait qu'un complot fomenté par le roi Triêu Dà afin de s'emparer de arbalète magique de An Duong Vuong. Les vestiges de cet amour légendaire sont encore visibles aujourd'hui dans la citadelle de Cô Loa, district de Dông Anh, en banlieue de Hanoi.
L'Artiste émérite Pham Anh Phuong, directeur du VNOB, souligne que la légende de My Châu-Trong Thuy a été mise en scène pour la première fois il y a 30 ans, par le chorégraphe Trân Minh, à l'intention de l'École secondaire de la danse du Vietnam. Puis il y a cinq ans, le Théâtre symphonique et du ballet de Hô Chi Minh-Ville a monté la pièce Ngoc trai do (La perle rouge) adaptée de cette légende par les chorégraphes Viêt Cuong et Kim Quy.
"Chaque œuvre scénique revêt son identité propre et s'adapte à chaque époque", fait remarquer Pham Anh Phuong. "Pour la première mise en scène, il y a 30 ans, le ballet My Châu-Trong Thuy traduisait les efforts encourageants du ballet vietnamien de l'époque. Et « La perle rouge » ressemblait à une histoire racontée selon les règles du ballet classique. « Un amour à la citadelle », du VNOB, est différent sous bien des aspects de ses prédécesseurs. Montée par un Français, la légende est exploitée sous l'angle d'un étranger", affirme-t-il.
Une ode à l'amour éternel La pièce dure 90 minutes. Outre les interprétations des artistes, la scène est équipée d'un écran sur lequel défilent des images. La scène est décorée sobrement, où le noir est prédominant. Il n'y a que des tribunes pour les danseurs. Une fois l'écran éteint, les spectateurs peuvent voir les artistes dans un cadre vaporeux, tel un regard vers le passé.
La scène d'ouverture du ballet Un amour à la citadelle montre un jeune homme avec un bouquet de fleurs sur les bras qui attend son amoureuse dans la rue, incarnant l'amour contemporain entre My Châu et Trong Thuy.
La pièce comprend neuf scènes comme danse en duo, en trio, soliste, qui reproduisent le mariage de My Châu et Trong Thuy, une scène pacifique, la scène de fuite du roi An Duong Vuong et de sa princesse, le requiem de Trong Thuy... La scène de fin montre le moment où le jeune homme et son amoureuse se rencontrent et se remettent l'un à l'autre le cadeau -la perle rouge- symbolisant un amour éternel.
C'est ce chorégraphe français qui a choisi la légende de My Châu-Trong Thuy parmi les nombreux thèmes proposés par le VNOB. Seul l'amour de My Châu et Trong Thuy éternel qui remue les cœurs et réveille l'amour du prochain a réussi à séduire Bertrand d'At.
Dans Un amour à la citadelle, le chorégraphe n'exploite pas l'aspect de la guerre et ne critique personne. Il se concentre dans la valorisation de l'amour éternel et l'aspiration de la paix du genre humain. Bertrand d'At a décidé de reproduire la légende par une histoire d'amour dont la fin ne sera pas tragique. Comme un rêve qui réveille le monde et qui lie les uns aux autres par la paix.