Les horloges ont fait leur apparition assez tôt au Vietnam. Vers les années 30 du dernier siècle, elles étaient déjà devenues familières aux Vietnamiens après que les colons français aient apporté des horloges de marque Odo. Pour les personnes âgées qui connaissent bien la période de difficultés économiques de l'après-guerre, c'est-à-dire les années 80, les biens les plus précieux de nombre de familles étaient les bicyclettes, la machine à coudre et l'horloge. Cette dernière était considérées comme un bien "supérieur", que seules les familles aisées pouvaient se permettre de posséder d'après Pham Quang Phuc, un vieux réparateur d'horloges de la rue Lê Thanh Nghi.
Auparavant à Hanoi, la rue Hàng Dào (quartier antique) abritait environ 200 boutiques de commerce et de réparation d'horloges. Décorer sa maison avec une ou plusieurs horloges, et aujourd'hui en faire collection, sont des traits de la culture de Hanoi.
Fin novembre, dans le cadre de la Journée du patrimoine du quartier antique de Hanoi, une exposition d'anciennes horloges a été organisée au temple de Dông Lac situé au 37 rue Hàng Dào, justement la rue anciennement spécialisée dans le commerce de ces objets. C'est dans ce cadre que Nguyên Trung Dung, un homme d'affaire, a pu présenter sa collection de 50 pièces.
Fils d'horloger, celui-ci est à tout le moins un familier de ces mécaniques depuis sa plus tendre enfance. Accumulant les horloges depuis 20 ans, Nguyên Trung Dung en possède aujourd'hui des centaines dont plusieurs sont datées de deux siècles. Ses horloges sont très spéciales car "toutes les pièces ont été faites à la main", précise-t-il avec fierté. Celle qui a sa préférence est une pièce en porcelaine de la fin du 19e siècle, dont le dessin a été réalisé par des Français et le modèle exécuté par des Chinois, ajoute le collectionneur. Cet objet précieux lui est venu suivant "la volonté de Dieu", dit-il. Lors d'une mission en France, Trung Dung a entendu parler d'une dame possédant depuis deux générations un ensemble d'horloges, à laquelle il a rendu visite pour acquérir quelque chose. Au moment du paiement, la dame voyait avec regret ses anciennes horloges. Elle a fait savoir que ces appareils étaient le témoin des souvenirs de son mari et elle-même. Après le décès du mari, ces horloges le lui rappelaient souvent et la dame a décidé alors de vendre ces souvenirs. Trung Dung fait grand cas de ces pièces et les conserves comme des souvenirs de sa propre famille.
Collectionner les anciennes horloges n'est pas un loisir coûteux comme pour d'autres antiquités. "Il nous faut parfois un million de dôngs, voire quelques centaines de milliers de dôngs pour an acquérir une", indique Nguyên Trung Dung, "mais ces engins qui sont des objets +vivants+ exigent un grand soin de leurs propriétaires qui doivent les remonter régulièrement". Les connaisseurs d'anciennes horloges peuvent reconnaître précisément la marque d'une horloge à sa seule sonorité. Pour Nguyên Trung Dung, la sonorité d'une pendule nous appelle au respect du temps tout en permettant de chasser la lassitude