Cho Lon, un paradis culinaire
Mettre à jour: 10 Mars 2015
Cho Lon, à Hô Chi Minh-Ville, est depuis des lustres un quartier réputé pour ses mets délicieux, que l’on peut trouver en déambulant dans les rues secondaires, voire les ruelles. Un vrai paradis pour les gourmands.

Marché Binh Tay, le plus grand marché à Cho Lon

À Cho Lon, impossible de ne pas trouver de bons restaurants ou d’auberges servant des plats, chinois notamment, parfaitement adaptés pour le petit-déjeuner, le déjeuner, le goûter et bien entendu le dîner. Mais outre les restaurants, on est aussi très bien servi autour de petites gargotes tenues par des familles qui pratiquent ce métier depuis des générations. Toutes et tous ont réussi à bien gagner leur vie grâce à ces métiers de bouche.

Les desserts sucrés de Châu Giang

Un conseil, si vous êtes à Cho Lon en soirée, n’hésitez pas à goûter aux desserts sucrés et notamment aux compotes liquides (chè) à la mode chinoise. Ces desserts sont parfaits pour digérer un bon repas et sont mêmes efficaces pour lutter contre l’insomnie. Pour goûter les meilleurs desserts sucrés de Cho Lon, il faut se rendre à Châu Giang, au carrefour des rues Trân Hung Dao et Phung Hung dans le 5e arrondissement. Une adresse sûre et célèbre depuis trois générations. Et pourtant, elle n’est pas si facile à trouver tant Trân Hung Dao est une rue chargée. Ainsi, ce sont souvent des clients fidèles qui s’y rendent.

On peut y siroter des chè autour  d’une sorte de chariot en bois, noir et luisant, vieux de plusieurs décennies. Il est orné de dessins très colorés présentant l’histoire de héros chinois. Le nom Châu Giang est lui gravé en deux langues (chinois et vietnamien). Quant aux divers ingrédients des desserts, ils sont posés dans des sortes de cuvettes en verre ou en métal placées à même le véhicule. La propriétaire n’a ensuite qu’à disposer de part et d’autre du chariot de petits tabourets en bois d’ébène pour accueillir les clients.  Elle est chinoise et a tout appris de sa grand-mère. Les desserts ont le même goût depuis des décennies. Les chè chinois ne sont pas épais ou gras. L’un des plus appréciés est le sâm bô luong, composé de jujubes, de différentes graines, de racines de lotus, de châtaignes d’eau, d’algues séchées, etc. Le tout mélangé avec de la glace pilée. Ce serait un tranquillisant aux vertus diurétiques.

Chaque jour, la propriétaire des lieux se rend au marché pour choisir soigneusement les ingrédients. C’est chez elle que tous les membres de la famille préparent ensuite les desserts selon des recettes familiales tenues secrètes. Et malgré le succès de leurs desserts, les successeurs n’envisagent pas l’expansion de cette entreprise. La boutique a beaucoup de clients fidèles et ces derniers la présentent à de nouveaux, et ainsi de suite. La boutique est toujours située au même endroit depuis 80 ans et personne n’envisage son déplacement vers des espaces plus vastes. La propriétaire explique très bien ce phéno-mène : «À Cho Lon, si des mets ont du succès, ce n’est pas la peine de partir, tout le monde fera l’effort d’aller manger chez vous, même si le chemin qui y mène est tortueux».

Le phá lâu de Tâm Ký

Comparé à celui de Châu Giang, le chariot de phá lâu Tâm Ký, situé rue Nguyên Trai, 5e arrondissement, en face du temple chinois Ha Chuong, semble un peu plus moderne. Le magasin est ouvert chaque jour de midi  jusqu’à tard dans la nuit. Le fondateur chinois de Tâm Ký, après avoir connu le succès, a pris sa retraite et a confié son affaire à ses enfants. Le phá lâu est un plat chinois à base d’estomac, d’abats de porc, de poulet ou de canard mariné aux cinq parfums (un mélange d’épices en provenance de Chine : poivre de Sichuan, anis étoilé, cannelle de Chine, clous de girofle et fenouil). Sa couleur est brune et elle est très aromatisée.

Pour préparer ce plat, différentes étapes sont nécessaires : nettoyage des différents abats et parties moins nobles de l’animal (langue, intestins, estomac, cœur de porc, de poulet et de canard), cuisson dans un chaudron dans lequel se trouve un sac de toile contenant les cinq épices en poudre.

Cette méthode chinoise permet de rendre plus agréable le parfum de ces différents morceaux de viande grâce à ces cinq épices, cinq parfums naturels. Le phá lâu est souvent servi avec du pain. Il est également proposé avec du riz et de la sauce Sa Cha. C’est un plat délicieux à partager tout en buvant de l’alcool ! Le secret du restaurant réside dans la façon de conserver les cinq parfums avant cuisson. En effet, on place les cinq épices sous terre. Ainsi, elles  pénètrent plus profondément dans la viande pendant la cuisson. La boutique est toujours bondée. Tâm Ky, rue Nguyên Trai, c’est du solide.

Le nuoc sâm de Hông Phong

Les Chinois de Cho Lon fabriquent une boisson rafraîchissante à base de plantes qui remplace le thé durant la saison chaude. Cette boisson populaire est le nuoc sâm. Elle agit aussi sur la température du corps. Le nuoc sâm a permis à plussieurs commerçant de faire fortune. À Cho Lon, il faut citer le magasin de nuoc sâm de Hông Phong, au coin des rues Lê Hông Phong et Nguyên Trai, dans le 5e arrondissement (autrefois situé rue Nguyên Trai). Aujourd’hui, malgré que ce magasin soit rue Lê Hông Phong, le patron utilise toujours la vieille adresse 154 Nguyên Trai comme une preuve du développement de la marque.

Le fondateur de la marque nuoc sâm de Hông Phong indique d’ailleurs : «Il n’y a pas de meilleur lieu que Hô Chi Minh-Ville, toutes les conditions sont réunies. En effet, il y fait toujours chaud ce qui peut fatiguer les gens. De plus, le croisement des rues Nguyên Trai et Lê Hông Phong est souvent bondé et donc les passants ont toujours besoin de rafraîchissements, c’est parfait pour nos affaires». Le propriétaire du magasin nuoc sâm de Hông Phong s’est enrichi en vendant ses boissons à base de plantes sucrées et glacées sur les trottoirs des rues Nguyên Trai et Lê Hông Phong. Avis aux amateurs.

CVN