Le lâcher de pigeons est une activité de plein air, divertissement noble des régions du delta du Nord. Il a hérité d’influences bouddhiques associées au rite de libération des oiseaux.
Le pigeon de concours est le pigeon de race, son corps est plus petit que celui des pigeons servant à la nourriture. On le choisit en tenant compte des qualités de ses parents. Chaque volée se compose de dix pigeons, soit cinq couples. Ces pigeons font l’objet d’un dressage sévère qu’il faut mener avec patience pour les habituer à l’orientation, à l’altitude, à la durée et à l’espace. On compte souvent un an pour le dressage. Dans chaque volée on choisit un couple de tête dont le mâle joue un rôle directeur. Ce couple conduit les autres. L’élevage de ces pigeons est onéreux, aussi les colombophiles sont-ils souvent des gens aisés qui peuvent consacrer du temps à leur passion et qui ont beaucoup d’expérience.
La date de la compétition est annoncée à l’avance à travers la région. Un concours rassemble souvent de trente à cinquante volées, parfois une centaine, aussi dure-t-il plusieurs jours, parfois même un mois. C’est une occasion pour les colombophiles de faire un voyage de printemps ou de rendre visite à leurs amis.
Le concours est organisé le plus souvent à la fin du printemps ou parfois en automne. Il peut se tenir dans la cour du temple ou sur un vaste terrain spacieux d’où l’on peut observer le vol des pigeons. La cérémonie d’ouverture est un rituel de présentation aux divinités suivi de roulements de tambour pour annoncer le début du concours. Au signal, les propriétaires commencent à lâcher leurs pigeons selon un ordre préétabli. Les roulements de tambour se font plus intenses. Le concours se déroule dans une atmosphère de grande excitation. Chaque volée doit voler successivement sur trois niveaux, bas, moyen et haut. On attend que la première volée ait terminé son vol bas pour lâcher la deuxième. On continue ainsi jusqu’à la fin de la fête.
Les trois niveaux d’altitude sont rigoureusement définis. Le niveau bas est celui où l’on distingue encore nettement la tête et la queue des pigeons. Le niveau moyen est celui où l’on distingue les ailes. Le niveau haut est celui où la volée tout entière ne parait pas plus grosse qu’un gobelet. Le jury observe le vol des pigeons reflété dans une cuvette au milieu de la cour. Il est divisé en deux groupes. Le trich ngoai observe les pigeons de l’endroit du lâcher et juge du vol bas. Le trich nôi observe les pigeons depuis un lieu à l’écart et juge des vols moyen et haut. Le trich ngoai communique avec le trich noi grâce au tambour. Pour participer à la finale du concours les volées doivent franchir avec succès les bas et moyen niveaux.
Pour obtenir le grand prix la volée doit faire un sans-faute. L’essentiel est que les pigeons volent ensemble et régulièrement espacés les uns des autres, même lorsqu’ils sont au niveau haut. Plusieurs villages de Tiên Son, Gia Luong (province de Bac Ninh), de Ðông Anh (Hanoï) sont depuis longtemps fidèles à la tradition du lâcher de pigeons et le pratiquent encore aujourd’hui.