Les Gia Rai des hauts plateaux du Tây Nguyên et les cérémonies d’invocation à la pluie
Mettre à jour: 24 Septembre 2015
La période de mars à mai est celle de la sécheresse sur les hauts plateaux du Tây Nguyên (Centre Vietnam). Aussi l’ethnie minoritaire Gia Rai qui vit dans la province du Kon Tum procède-t-elle chaque année à des cérémonies pour invoquer les divinités et faire en sorte qu’ils apportent de la pluie. Cette tradition a été récemment reconstituée au Village culturo-touristique des ethnies du Vietnam, à Dông Mô, Son Tây, Hanoi, pour permettre au grand public de faire connaissance avec cette pratique originale.

Les anciens du village nous ont confié: «Une réunion a lieu avant la cérémonie où les habitants du village se partagent les tâches à accomplir. Les hommes iront dans la forêt chercher du matériau pour faire le cây nêu, un mât en bambou. Ils devront encore aménager un endroit bien espacé, à proximité d’un ruisseau pour procéder à la cérémonie. Quant aux femmes, elles chercheront dans la forêt des légumes pour les plats traditionnels qui seront servis lors des festins».

Une fois les préparatifs achevés, le vénérable du village, chargé du culte, frappe le tambour pour rassembler tous les habitants à la maison commune  (nhà rông) où se déroule la cérémonie. Le vénérable, aidé de jeunes hommes vigoureux, sacrifie un porc ou un poulet, prend son sang et son foie qu’il place dans les anses d’une jarre d’alcool. Ils commencent à prier tous en versant l’alcool dans une courge à demi-brisée, au milieu des cris de la foule.

Après la cérémonie, le vénérable et tous les villageois se rendent auprès d’un ruisseau, emportant le mât et un coq. Là commence la cérémonie de “dresser le cây nêu”. Toute la foule se ressemble autour du mât où le vénérable attaché le coq et un jeune homme vigoureux. Ils recommencent leurs prières pour demander aux divinités une pluie abondante, de bonnes récoltes et une bonne santé à tous les habitants du village.

A peine le vénérable a-t-il fini ses derniers mots que tout le monde se rue vers le ruisseau. Les  villageois immergent le poulet jusqu’à le faire mourir tandis que le jeune homme, pour briser les liens qui l’attachent au mât, doit tourner plusieurs fois en courant. Il ne rentrera chez lui qu’une fois les liens brisés.

Les genres retournent au nhà rông pour accomplir le dernier rite de la cérémonie. Le Vénérable prie ainsi: «Oh ! Divinités de la Montagne, de l’Eau, du Tonnerre…. Nous vous invitons à descendre ici-bas pour boire de l’alcool,  manger du porc, du poulet, pour donner aux habitants une pluie abondante. Pour qu’ils aient du riz, des volailles dans leurs basse-cours».

Une fois le culte accompli, les gens festoient et prennent part aux réjouissances. Ils ne rentrent chez eux que fort tard dans la nuit.

La cérémonie d’invocation à la pluie se perpétue toujours chez les Gia Rai. Elle témoigne de leur foi envers les divinités et d’un rêve d’une vie abondante et heureuse./.
 

VNI