Hanoi, ville patrimoniale en deçà du fleuve Rouge
Mettre à jour: 12 Octobre 2015
La capitale du Vietnam possède d’indéniables atouts pour être digne de son statut de «ville millénaire aux belles traditions culturelles». Parmi eux, les patrimoines matériels et immatériels.

Lac Hoan Kiem - le coeur de Ha Noi

Avec près de 6.000 patrimoines matériels et immatériels répertoriés, Hanoi est la localité nationale qui en compte le plus. Il s’agit de monuments historiques, d’ouvrages architecturaux d’art, de sites archéologiques, de pagodes et d’autres sites pittoresques.

Répartis dans tous ses arrondissements, districts et chef-lieu, ils se concentrent dans les arrondissements de Hoàn Kiêm, Đông Đa, Hai Bà Trung, Hà Đông. Les sites les plus emblématiques sont le lac Hoàn Kiêm ou lac de l’Épée restituée, le temple Ngoc Son, le temple de la Littérature, la cité impériale de Thang Long, ou encore le temple des deux sœurs Trung.

«Ces dernières années, outre des fonds publics, les localités ont restauré des monuments grâce à la mobilisation de fonds privés. Chaque année, des dizaines d’ouvrages sont remis en état, totalisant des centaines de milliards de dôngs», a informé la Dr Nguyên Thi Hoà, présidente du Comité de gestion des vestiges et sites célèbres de Hanoi.

Lac de l’Ouest : une route des patrimoines

La pagode Trân Quôc

Le lac de l’Ouest - le plus grand plan d’eau de la capitale - et ses berges sont considérés depuis un millier d’années comme un lieu sacré. Autour de cet ancien bras mort du fleuve Rouge se cachent en effet de nombreux sites pittoresques, qui créent une véritable «route des patrimoines» pleine de charme, qui ravit autant les touristes que les habitants locaux.

La pagode Trân Quôc (Défense de la Patrie) se dresse sur une île du lac. Construite au VIe siècle sous le règne de Lý Nam Đê (544-548), elle est la plus ancienne pagode de Hanoi et l’une des plus anciennes du Vietnam. Sous les dynasties des Lý (1010-1225) et des Trân (1225-1413), elle était considérée comme le centre du bouddhisme de Thang Long (ancien Hanoi). C’est toujours un haut lieu spirituel de la capitale.

Trônant aussi au bord du lac de l’Ouest, à environ 2 km de la précédente, la pagode Kim Liên (Lotus d’Or) fut construite sous la dynastie des Lý, par le roi Lý Thân Tông (1128-1138). Son premier nom fut Hoàng Ân tự, que l’on pourrait traduire par «Faveur du roi». Entièrement restaurée sous le règne de Quang Trung (XVIIIe siècle), c’est à cette époque qu’elle prit son nom actuel. Remarquable d’un point de vue architectural, elle conserve toujours son charme d’antan. Léchée par les eaux du lac, cette pagode est remarquable par sa statue de Quan Yin aux mille yeux et mille bras datant du XVIIIe siècle.

Situé sur une presqu’île du lac de l’Ouest, le temple de Tây Hô (Phu Tây Hô) est le lieu de culte le plus fréquenté de Hanoi, surtout les premiers jours du Têt (nouvelle année selon le calendrier lunaire). Toute l’année, de nombreux croyants s’y rendent les 1er et 15e jours du mois lunaire pour se recueillir et exprimer leurs vœux. Le temple de Tây Hô est dédié au culte de Liêu Hanh, une des représentantes du culte de la Sainte-Mère et un des quatre Immortels du Vietnam. Il a été inscrit «Monument historique et culturel national» le 13 février 1996. En outre, le vénérable Figuier de Benjamin qui ombrage sa cour a été reconnu «Arbre patrimonial national».

Digne d’être nommé «Route des patrimoines de Thang Long», l’axe qui fait le tour du lac de l’Ouest (une quinzaine de kilomètres) dénombre une vingtaine de đình (maisons communes), temples et autres pagodes classés monuments nationaux.

Des patrimoines culturels immatériels

Le "ca trù", reconnu  en 2009 par l’UNESCO en tant que patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente

En plus de posséder le plus grand nombre de monuments et sites historiques, réunis sous le vocable de «patrimoines matériels», Hanoi est aussi le berceau d’une pléthore de «patrimoines immatériels», notamment de chants traditionnels. On peut citer le hát xâm (chant des aveugles), le ca trù (chant des courtisanes), le trông quân (chansons alternées accompagnées d’un tambourin), le hát dô, le chèo tàu, etc.

Dans le cadre du Projet d’inventaire complet et de protection des patrimoines culturels immatériels de Hanoi pour la période 2013-2015, des milliers de patrimoines ont été recensés en vue d’une gestion étroite. Nombre d’entre eux ont donné lieu à l’élaboration de dossiers en vue d’un classement dans la liste des patrimoines immatériels du pays. Le projet vise également à doter les professionnels de la conservation des patrimoines culturels et autres acteurs de compétences et d’outils permettant d’améliorer la préservation, la gestion et la valorisation de ces patrimoines immatériels dont beaucoup sont menacés de disparition et nécessitent donc des mesures de sauvegarde urgentes.

Chose dite, chose faite. Le ca trù, après avoir été inscrit en 2009 par l’UNESCO dans la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, a repris «du poil de la bête» avec la création de nombreux clubs dans différents arrondissements et districts, surtout dans le «Vieux quartier» (au Nord du lac Hoàn Kiêm), pour le plus grand bonheur des touristes mais aussi des Hanoïens eux-mêmes.

Les fêtes de Gióng des temples de Phu Dong et de Soc ont été reconnues patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2011

Le Théâtre de chèo (théâtre populaire) de Hanoi a lancé le programme «Théâtre scolaire» au sein de plusieurs écoles afin de faire connaître cet art aux enfants et, pourquoi pas, susciter des vocations.

Le tuông (théâtre classique) d’enfants à Ðông Anh, le hát trông quân à Thuong Tín, d’anciennes chansons populaires au chef-lieu de Son Tây... ont aussi repris de la vigueur au sein de la population.

Outre ces arts populaires, Hanoi a aussi déployé des efforts soutenus pour la  préservation et la restauration de plus d’un millier de fêtes traditionnelles. Grâce à quoi, les fêtes de Gióng des temples de Sóc et Phù Ðông ont été reconnues patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2011.

La fête du culte au Seigneur dragon Lac Long Quân à Thanh Oai, le tir à la corde en position assise à Long Biên et Sóc Son, la fête du village des serpents de Lê Mât à Long Biên figurent dans la liste des patrimoines culturels immatériels du pays... Il s’agit de biens spirituels précieux que nous avons hérités de nos ancêtres et que nous nous devons de léguer aux générations futures.

Le patrimoine culturel, en plus d’enrichir la vie quotidienne de tout un chacun, constitue aussi une ressource importante pour le développement du pays en cette période d’intégration à l’économie mondiale.

AVI