Le village de Cai Mon, dans le Delta du Mékong, s’anime environ un mois avant le Nouvel An lunaire. Difficile de ne pas succomber au charme des fleurs et des bonsaïs cultivés ici, sa spécialité, destinés à envahir les étals du marché du Têt.
Les cultures horticoles et floricoles de Cai Mon sont situées dans la commune de Vinh Thành (district de Cho Lach, province de Bên Tre), en plein cœur du delta du Mékong. Ils se trouvent à environ 100 km de Hô Chi Minh-Ville. La Nationale 57 qui traverse ce district en est parsemé : Vinh Hoa, Phu Son, Tân Thiêng, Long Thoi… mais aussi dans le district voisin de Mo Cày Bac.
Fondé au XIXe siècle
Cette spécialisation dans la floriculture et les bonsaïs ne date pas d’hier. On parle de la moitié du XIXe siècle. Beaucoup disent que les fleurs et les bonsaïs semblent être cultivés partout dans cette localité. On dit aussi que la floriculture s’y transmet de génération en génération.
Il faut savoir également que bien avant cela, le village était réputé pour ses vergers et la production de semis. Cai Mon a longtemps été surnommé le «royaume des fruits délicieux» du pays, réputé pour ses durians et mangoustans.
Actuellement, avec Sa Dec (province de Dông Thap), Cai Mon est le plus grand village de fleurs et de bonsaïs du delta du Mékong. Il fournit essentiellement les marchés de Hô Chi Minh-Mille, du delta du Mékong et même d’autres localités du pays. Ces dernières années, ce village a aussi exporté vers le Japon, la République de Corée et Taïwan (Chine).
«Sa Dec possède de nombreux atouts dans la floriculture. Cai Mon, lui, se distingue dans la culture des bonsaïs. Sans oublier les kumquats et les ochnas, informe le chercheur Lê Phuoc Toàn. Le savant Truong Vinh Ky (Pétrus Ky) et le provicaire Gernot ont été les grands acteurs de la création de ce village de métier, puisque ce sont eux qui ont offert à Cai Mon les premières graines de fleurs et de fruits importées de l’étranger».
Depuis quelques temps, la tendance est aux bonsaïs en forme d’animaux. Des arboriculteurs ont élevé leur profession au rang d’art, en atteste leurs réalisations. À partir de deux arbres : le xanh et le si, ils sont parvenus à façonner, à force d’expérimentations, des bonsaïs à l’effigie du dragon, du buffle, de l’éléphant voire de l’aigle. Certains, plus grands, ont même pris la forme d’ouvrages architecturaux. L’artiste Năm Công, directeur de l’établissement Nam Công, est apprécié comme le «Roi» des bonsaïs en forme d’animaux.
Ces dernières années, les pots de fleurs suspendus font également recette, essaimant les fenêtres et les balcons des habitations. On retrouve ainsi des pervenches, des orchidées et des lysanthis. Mais d’autres fleurs sont reines à Cai Mon comme les glaïeuls, les pivoines et les roses.
La pépinière du Sud
Selon les statistiques, Cai Mon a fourni pour le pays ainsi qu’à l’étranger, dont le Japon, la République de Corée et Taïwan (Chine), plus de 20 millions de produits de nombreuses espèces et plus de 10 millions de pots de fleurs et bonsaïs.
Actuellement, des centaines d’établissements de production et de commerce de semis, de fleurs et de bonsaïs longent la route nationale 57 qui traverse Cai Mon. Quelque 8.000 familles du district de Cho Lach - dont 6.000 du village de Cai Mon - vivent de la floriculture et de la production de semis.
Le Livre des records du Viet Nam a reconnu Cai Mon comme «Plus grande localité vietnamienne pour la production de semis de fruits», avec beaucoup de spécialités comme durian, mangoustan, pamplemousse, etc.
Pour s’y rendre
Au départ de Hô Chi Minh-Ville, le circuit Voyage dans le delta du Mékong : découverte de Cho Lach – Cai Mon en un jour» est disponible chez les voyagistes Bentretourist, Vietfuntravel ou encore Bao Duyen Tourist. Comptez environ un million de dôngs/personne. Une fois sur place, ne manquez pas de déguster les spécialités du village : les fruits tropicaux et le gà noi Cai Mon (coq de combat). À Cai Mon, n’oubliez pas également de visiter le temple de Truong Vinh Ky (Pétrus Ky, un des savants vietnamiens les plus connus du XVIIIe siècle) ou la cathédrale Cai Mon, construite en 1803 puis rénovée en 1872 par le provicaire Gernot, avant Notre Dame de Saigon (1877) et de Ha Noi (1884).
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