Après le Têt traditionnel, les Vietnamiens se plongent dans les fêtes printanières qui s’organisent dans l’ensemble du pays. Transmises de génération en génération, ces réjouissances sont profondément ancrées dans l’âme et le cœur des Vietnamiens.
Nguyên Thi Lan, 45 ans, domiciliée dans un village agricole du district de Viêt Yên, province de Bac Giang (au Nord), est vendeuse de légumes à Hanoi depuis dix ans. Chaque année, elle retourne dans son village natal pour fêter le Têt traditionnel (Nouvel An lunaire) avec sa famille mais elle y reste encore pendant une semaine, mettant son travail de côté. Sa raison principale: elle attend la fête printanière organisée le 10e jour du premier mois lunaire dans son village.
«Normalement, après le Têt, mon commerce de légumes marche bien grâce à la hausse de consommation. Mais comme d’habitude, je décide de recommencer mes affaires à Hanoi un peu plus tard, après ma participation à la fête printanière du village», confie-t-elle. Mais Mme Lan n’est pas la seule à faire ce choix. À l’instar de la vendeuse de légumes, de nombreux commerçants vivent loin de chez eux et choisissent d’interrompre leurs affaires quelques jours voire même une semaine après le Têt pour participer aux fêtes printanières de leurs villages ou de leurs régions.
Car comme ils l’expliquent, la fête printanière est un événement immanquable pour partager ensemble les moments forts d’une amitié de voisinage, après une dure année de travail.
Enrichir la vie spirituelle
Les Vietnamiens se plongent avec plaisir dans l’ambiance des fêtes printanières qui s’organisent du 1er mois à la fin du 3e mois lunaire. D’après le chercheur de culture Huu Ngoc, c’est l’occasion pour les Vietnamiens «de saluer le printemps, communiquer avec le Ciel et la Terre, rendre un culte à Bouddha, aux saints et aux divinités». Ces fêtes sont aussi l’occasion pour les Vietnamiens d’exprimer leur reconnaissance envers les ancêtres, les Génies du village, mais aussi de se détendre et de resserrer les liens entre eux.
Dans tout le pays, presque toutes les localités ont leur propre fête printanière. Dans le Nord, les plus connues sont les fêtes du Temple des rois fondateurs Hùng (province de Phu Tho), du Temple des rois Trân (province de Nam Dinh), du Génie Giong, de la pagode des Parfums (en banlieue de la ville de Hanoi), de Yên Tu (province de Quang Ninh, au Nord), de Tich Diên (province de Hà Nam, au Nord), de Lim (province de Bac Ninh, au Nord), etc.
Dans le Centre et les Hauts plateaux du Centre, les plus réputées sont les fêtes de la course d’éléphants (province de Dak Lak), du Génie de la baleine (province de Quang Ngai) ou du culte de la bonne pêche (provinces de Quang Nam et Dà Nang), la fête de Katê (province de Ninh Thuân), etc.
Les habitants du Sud se ruent nombreusement vers la fête de la Déesse Xu (province d’An Giang), la fête du mont Bà Den (province de Tây Ninh) ou encore celle de la pagode Bà (province de Binh Duong).
Les fêtes printanières sont des événements forts au service de la vie spirituelle de la communauté. Ces activités sont ancrées dans le patrimoine culturel vietnamien, perpétuées depuis des centaines, voire des milliers d’années.