Direction Ninh Giang, un district rattaché à la province de Hai Duong, au Nord-Est du Vietnam. Peu connue des touristes étrangers, cette région abrite pourtant un trésor et des dizaines de sites historiques et culturels de valeur, dont le temple pluricentenaire Tranh, dédié au génie de la rivière.
Il était une fois, deux serpents géants qui habitaient la rivière Tranh. De nombreux bateaux y faisaient naufrage. Un jour, les serpents décidèrent d'enlever l'épouse du mandarin Tuan Tranh, le maître de Ninh Giang. Furieux, il pria le roi des eaux de punir et d'expulser les serpents de la rivière. Le roi des eaux accéda à sa demande et la rivière retrouva sa tranquillité et ne menaça plus la vie des autochtones. Pour exprimer sa gratitude envers le mandarin, la population proclama le mandarin Tuân Tranh génie protecteur de la rivière et érigea un temple en son nom.
Le tout premier temple, érigé sur la rivière Tranh, date de l’époque des rois Hùng, fondateurs de la nation. L’édifice a connu son apogée au XIXe siècle, sous la dynastie des rois Nguyên, qui ont engagé une grande campagne de restauration. Une grande statue dédiée au mandarin Tuân Tranh a été installée dans l’enceinte du temple. En raison des multiples crues, la population a décidé en 1935 de transférer le temple au sein du village de Tranh Xuyên, lui-aussi rattaché au district de Ninh Giang où l’édifice a fait une fois encore l’objet de plusieurs restaurations pendant les années 1940. À la fin des années 1960, le temple a été transféré vers le Nord de Ninh Giang., puis rénové en 1996, en 2005, en 2006 et en 2008.
Une perle rare
Aujourd’hui, il a quasiment retrouvé sa forme originelle. Nguyên Tât Trong, sous-directeur de du site du temple présente : «Le temple possède un grand portail à triple arcades et trois édifices dédiés au culte. Tous les ouvrages sont ornés de sculptures en bois sophistiquées du style des Nguyên. Plus à gauche, il y a un étang de pierre et une rangée de maisons pour les hôtes. Le temple a été transféré à plusieurs reprises, mais il conserve son charme original et ses statues sacrées».
Le temple organise deux fêtes par an, la première du 10e au 20e jour du 2e mois lunaire et la seconde, du 20e au 25e jour du 8e mois lunaire. Depuis 10 ans, le nombre de visiteurs ne cesse d’augmenter. M. Trong précise : «Outre ces deux évènements, le temple accueille une autre grande fête au 5e mois lunaire. Elle reproduit le festin offert par le mandarin aux villageois comme le veut la légende. Ce jour-là a lieu le culte hau dông à 36 séances dédié au mandarin Tuân Tranh.»
Le mandarin Tuân Tranh est décédé à Lang Son. Les artistes et la population des deux provinces participent ensemble aux fêtes en l'honneur de ce personnage. Nguyên Thanh Van, chef du Service de la culture et de l’information de Ninh Giang précise : «Nos deux localités maintiennent des relations très étroites. Les festivités permettent à la population de Ninh Giang de mieux connaître les attraits culturels de Lang Son et les touristes de Lang Son viennent nombreux à Ninh Giang. Lors des fêtes, nous introduisons des jeux populaires tels que lutte traditionnelle, combat de coq, tir à la corde…»
Classé en 2009 comme patrimoine historique national, le temple Tranh est une perle rare qui séduit de plus en plus de touristes.