Sur les Hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên) est apparu ces dernières années la marque «K’Ho Coffee». Le fruit de la rencontre entre Josh, un Américain, et Rolan, une Vietnamienne d’ethnie K’Ho.
La maison sur pilotis de Josh et Rolan, un couple américano-vietnamien, est adossée à la montagne Lang Biang, dans la province de Lâm Dông. Autour, à perte de vue, des plantations de caféiers. Des touristes, vietnamiens et étrangers, viennent régulièrement chez eux pour voir de leurs propres yeux le processus de production d’un café cultivé et récolté de manière traditionnelle.
«Il est excellent ce café bio ! Je suis subjugué par le projet de Josh !», confie Masanori Hatanata, un étudiant japonais. «Le K’Ho Coffee, de variété Arabica, est préparé de manière artisanale. À la différence d’autres cafés qui sont d’un noir foncé, le notre est brunâtre, comme les yeux de mon épouse», précise Josh Herry, 33 ans.
Un amour improbable
L’histoire de la marque «K’Ho Coffee» est liée étroitement à une histoire d’amour, celle d’un jeune Américain et d’une Vietnamienne d’ethnie K’Ho, dont la communauté vit sur les Hauts plateaux du Centre.
Josh débarque pour la première fois au Vietnam en 2009 en tant que guide pour le voyagiste Green Energy. Il organise des tours à Vespa à travers le Sud, le delta du Mékong, le Centre et le Tây Nguyên. Coup de foudre, d’abord pour le pays puis, un an après, pour une danseuse de gong et joueuse de T’Rung, dénommée Co Liêng Rolan, qui se produit dans le cadre d’un programme d’échanges culturels organisé près de la fameuse montagne de Lang Biang, non loin de Dà Lat.
Mi-2011, le jeune Américain amoureux décide de tout plaquer pour venir s'installer à Dà Lat. Tous les jours, il quitte son hôtel du centre-ville pour se rendre au village de sa belle, Bnor'C, où il aide sa famille dans les plantations de caféiers. À la période de la récolte, comme les autochtones, Josh porte une hotte sur le dos et cueille les cerises (c’est ainsi que l’on appelle le fruit du caféier). Les futurs beaux-parents sont conquis. Le plus dur est fait !
Début 2014, Josh et Rolan se marient dans la maison commune du village, en présence de tous les villageois. Les jeunes mariés construisent une jolie maison sur pilotis au pied d'une colline couverte de caféiers. Et c’est là qu’un an après voit le jour leur fils, Lee Henry Co Liêng.
Un café d’exception
Au Vietnam, la variété Arabica est cultivée essentiellement sur le haut plateau de Lang Biang. Une saveur et un arôme qui ont séduit Josh. Selon lui, le parfum inimitable de ce café vient du fait qu’il est cultivé et traité de manière complètement artisanale. Que ce soit du soin des caféiers à la cueillette des cerises, en passant par le décorticage, le séchage au soleil (et non au feu), la torréfaction, le broyage et la conservation... «Ce café est le meilleur que j’ai goûté», vante-t-il.
Un jour, une idée lui vient en tête : créer une marque commerciale pour le café de la montagne Lang Biang. Son projet, dit «K’Ho Coffee», est lancé en 2012. «J’ai décidé de l’appeler K’Ho Coffee, parce qu’il est produit par les K’Ho eux-mêmes», explique Josh. Succès immédiat. La première année, il réussit à en écouler une tonne. Son projet a aussi une dimension sociale, car de nombreux habitants locaux font partis de l’aventure. Un café équitable issu d’une agriculture familiale et biologique, tel est la marque de fabrique du «K’Ho Coffee».
En 2014, Josh participe à la foire-exposition «Organic Famer Market» de Hô Chi Minh Ville. Son nectar noirâtre séduit les plus fins palais, à tel point que le comité d’organisation lui attribue le titre du «Meilleur café».
La même année, les compagnies Coffee Real Spéciality et Coffee Roaster viennent examiner sur place le processus de production. Et de passer chacune une commande de 20 tonnes !
Actuellement, le projet s’étend sur 50 hectares. Le K’Ho Coffee est proposé dans une dizaine d’établissements commerciaux, à Dà Lat, Nha Trang (province de Khanh Hoa), Tuy Hoa (Phu Yên), Dông Hoi (Quang Binh), Hôi An (Quang Nam) et Hô Chi Minh-Ville.
La joie se lit sur le visage du créateur du «K’Ho Coffee». Il confie dans un vietnamien des plus corrects : «Je suis content de vivre ici, mon pays d’adoption. J’aime mon épouse, mon fils, et aussi tout ce qui se rapporte à cette terre mystérieuse, le café en particulier».