Le quan ho sera-t-il reconnu en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité ?
Mettre à jour: 30 Juillet 2009
Le Premier ministre a sommé le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme d'établir un dossier de demande de reconnaissance en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO du quan ho, un art traditionnel du Vietnam.
Selon le Conseil consultatif du Comité intergouvernemental de la Convention 2003 sur les patrimoines culturels immatériels, le quan ho (chants alternés) du Vietnam a répondu aux critères requis pour bénéficier de la qualité de patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Et fin septembre prochain, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) aura son mot à dire sur ce chant traditionnel vietnamien.

Une des questions impératives de l'heure, c'est de trouver des moyens de le conserver en augmentant le nombre de ses pratiquants.

Le chercheur en musique Bùi Trong Hiên de l'Institut de la Culture et de l'Information et le club de quan ho du village de Dang Xa, province de Bac Ninh (Nord), un des hauts lieux de ce genre musical, essaient pour le moment de préserver l'espace culturel du quan ho via une méthode dite "faire nourrir le quan ho par le quan ho". Il s'agit de l'ouverture des circuits touristiques permettant aux amoureux du folklore de découvrir et de savourer ce patrimoine qu'est le quan ho de Bac Ninh, son histoire, ainsi que la gastronomie locale, sans compter les échanges ayant la chique de bétel pour l'entrée en matière. Ce qui est digne de remarque, c'est que les artistes interprétant ces chants alternés ne sont que des paysans du village de Dang Xa et amateurs, et non des professionnels. "Nous souhaitons préserver l'espace culturel du «quan ho cô» (ancien quan ho)", explique Bùi Trong Hiên. Selon lui, l'organisation de représentations du quan ho au sein de la communauté, de même que marier culture et tourisme, sont quelques unes des "mesures permettant de préserver cet art".

Depuis toujours, l'État se préoccupe de la préservation des patrimoines culturels immatériels, dont le «quan ho», et plusieurs moyens sont mis en œuvre à cette fin. Selon l'UNESCO, la meilleure façon, c'est de le préserver au sein de la communauté. Mieux que tout autre acteur, c'est la communauté possédant cet art folklorique qui peut mieux le préserver et lui rendre sa place dans la vie culturelle communautaire.

Quant au quan ho, son attrait réside dans les émotions qu'il suscite chez ses spectateurs. Ainsi, l'esthétique particulière de cet art musical ne peut être appréciée à sa juste valeur lorsque l'on assiste à des représentations retransmises à la télévision, ou lorsqu'on écoute un disque... Il faut être présent physiquement pour en prendre toutes ses dimensions. Aussi, sa préservation par la méthode "faire nourrir le quan ho par le quan ho" doit-elle être encouragée et généralisée.

Le quan ho est un art folklorique oral, collectif, traditionnel et plein de créativité et, il n'a cessé d'être amélioré par un grand nombre de personnes, de régions et de générations. Le quan ho possède désormais de nombreuses variantes selon ses lieux de pratique, ses thèmes et la manière de le représenter. Chaque artiste dispose de ses propres techniques de chant, et pour tout dire, cela dépend essentiellement de leurs sentiments, de leurs caractères, de leur vitalité...

La grande réunion du quan ho, c'est le festival de Lim, un village dans le district de Tiên Du, province de Bac Ninh, qui a lieu le 13e jour du Têt de chaque année. L'homme tient un parapluie, porte un turban de crêpe, une tunique de gaze noire et un pantalon de calicot blanc. Quant à la femme, il lui revient le grand chapeau plat en latanier (non quai thao), un fichu noué en bec de corbeau (khan mo qua) et une robe à plusieurs pans, et porte des boucles d'oreille en or et une chaîne d'argent (xà tich) pendue à sa ceinture.
Le courrier du Vietnam