Le musée de Dak Lak, où renaissent des métiers traditionnels
Mettre à jour: 05 Octobre 2017
Lieu de conservation des valeurs historiques, culturelles et biologiques de la province de Dak Lak en particulier, et des hauts plateaux du Centre en général, le musée de Dak Lak attire chaque année plus de 300.000 visiteurs.

La principale source d’attraction ? Les artisans de minorités ethniques que le musée fait venir régulièrement pour leur permettre de partager leur savoir-faire avec le public.

Malgré ses 75 ans, Y Mip Ayun, un artisan Ede venu de la ville de Buôn Ma Thuôt, garde une dextérité impressionnante. Les visiteurs sont ébahis par la vitesse et l’habileté avec laquelle il coupe et taille des tubes de bambou pour en faire des flûtes. Curieux, certains lui demandent de leur montrer comment faire. Il ne refuse jamais, c’est pour lui une grande joie.

«Quel bonheur que de voir des gens qui s’intéressent encore à nos instruments de musique traditionnels», dit Y Mip Ayun. «J’en joue en songeant à mes amis d’autrefois, dont beaucoup ne sont plus de ce monde. Ce sont des mélodies improvisées qui viennent comme ça, avec la nostalgie...».

H Djuih Eban, qui est une tisseuse Êdê, ressent la même fierté lorsqu’elle présente aux visiteurs la brocatelle traditionnelle de son ethnie. Quels sont les matériaux, comment faut-il combiner les couleurs, combien de temps faut-il pour confectionner un habit, quelle est la signification du tissage dans la vie des Êdê… H Djuih Eban ne se lasse pas de répondre à ces questions à longueur de journée. Bien au contraire.

«C’est l’occasion pour moi de faire connaître une coutume ancienne de mon ethnie et de contribuer à sa préservation», explique-t-elle. «J’aime aussi montrer aux visiteurs comment faire pour obtenir de beaux motifs, de beaux tissus».

Y Mip Ayun, H Djuih Eban et les autres artisans invités au musée de Dak Lak font le lien entre tradition et modernité, entre leurs communautés et le grand public, lequel apprécie beaucoup.

«Ces métiers traditionnels sont les témoins d’une culture très ancienne», estime Nguyên Van Thông, qui vient de la province méridionale de Dông Thap. «Ils méritent d’être mieux connus, mais je crois qu’il faut les rénover un petit peu pour les adapter à la vie moderne».

Pour maintenir ces séances de démonstration artisanale traditionnelle, en tenant compte de la disparition progressive des maîtres artisans mais aussi de ses limites budgétaires, le musée de Dak Lak met toute la société à contribution, ce qui lui permet d’inviter des artisans à venir tous les mois ou tous les trimestres.

À l’occasion du Nouvel An et des fêtes importantes, il renforce l’interaction avec les visiteurs, offrant à ceux-ci des expériences aussi intéressantes qu’instructives. Le musée de Dak Lak est devenu une adresse culturelle qui mérite vraiment le détour sur les hauts plateaux.

CVN