Les deux premiers mois de l’année lunaire sont la saison des fêtes, au Vietnam. Les minorités ethniques vivant en zones montagneuses ont inventé une série de fêtes, qui toutes ont ceci de commun qu’elles leur offrent à la fois l’occasion de s’amuser et d’invoquer les divinités pour s’attirer un bon climat et de bonnes récoltes.
La plus grande fête printanière des Muong est la fête de descente au champ, qui a lieu au début du premier mois lunaire. La fête en question consiste en une procession des plus belles bottes de riz de la récolte précédente. Après avoir été présentés en offrandes, les grains de riz seront distribués aux différents villages pour marquer le début d’une nouvelle saison rizicole. Mais les Muong ne célèbrent pas le riz tous seuls. D’autres communautés ethniques viennent partager avec eux ce moment festif, en participant à des jeux sportifs, des danses et des chants populaires, comme l’explique Nguyen Ban, un responsable de la culture de la province septentrionale de Ha Giang.
« Les activités culturelles de début d’année, a fortiori les fêtes agricoles, enthousiasment et fédèrent les communautés ethniques. Elles suscitent, de façon positive, l’esprit d’émulation au sein des agriculteurs », nous dit-il.
Lancer de balles d’étoffe, course de chevaux, concours de tir à l’arbalète, colin-maillard… Voilà quelques-uns des jeux traditionnels encore très en vogue dans les régions montagneuses vietnamiennes. Pour les Muong, les balles d’étoffe multicolores qu’ils essaient de faire entrer dans un cercle lui-même juché en haut d’une perche représentent des liens d’amour qu’ils tiennent à entretenir contre vents et marées.
« Ce jeu, je le joue depuis que je suis toute petite, il m’amuse toujours. C’est une partie de notre identité que nous devons sauvegarder pour les générations futures », nous explique Hoang Thi Quy, une Muong de la province de Hoa Binh.
Les Mong habitent en grand nombre dans les provinces de Dien Bien, Lao Cai, Yen Bai et Ha Giang. Gau Tao, leur grande fête destinée à s’attirer bon climat, récoltes abondantes et sérénité, débute au son de tambour. Les fêtards s’amusent en se poussant, les uns contre les autres, en pilant du riz pour confectionner des gâteaux ou en dansant avec le khêne…
Et comme qui dit fête dit rassemblement, les voisins, les autres communautés ethniques et même les touristes sont tous les bienvenus lors de ces manifestations joyeuses, où identité rime avec solidarité.