Le hat xoan, "spécialité" sous le règne des rois Hùng à Phu Tho
Mettre à jour: 21 Juin 2010
La province de Phu Tho (Nord), berceau des Vietnamiens où les rois Hùng ont fondé le premier État du Van Lang (ancien nom du Vietnam), conserve jusqu'à aujourd'hui des patrimoines culturels immatériels abondants liés à la vie spirituelle des générations vietnamiennes. Le hat xoan (chant du printemps ou chant xoan)de Phu Tho en est un. Cet art folklorique conservant des valeurs musicales antiques est une forme artistique professionnelle des Vietnamiens.
Nombre de légendes font état de l'apparition du chant du printemps, toutes mentionnant le règne des rois Hùng. Selon celles-ci, les airs xoan d'autrefois ont pour origine d'anciens villages de cette région semi montagneuse qu'est le Van Lang. Ayant une valeur culturelle originale des plus antiques, ce chant est entré dans les mœurs des paysans. Lors des premiers jours du calendrier lunaire, artistes professionnels comme amateurs chantent pour rendre hommage aux rois Hùng et à leurs ancêtres. À travers ces airs xoan, ils souhaitent également attirer un temps favorable pour les cultures et bénéficier de moissons abondantes.

Le chant xoan est un art folklorique multiforme. Il se compose d'éléments folkloriques, de chant et de danse populaire. Cela lui évite monotonie et répétitions, et le rend beaucoup plus séduisant, explique Nguyên Khac Xuong, chercheur en culture populaire.

Le hat xoan est connu non seulement dans le pays mais aussi dans la région. Sa représentation par la troupe artistique de la province de Phu Tho a retenu l'attention puis suscité l'encouragement des chercheurs du monde entier comme des spectateurs de différents pays. Ses mélodies veloutées ont convaincu des milliers de gens et donné de profondes impressions aux amis internationaux.

Nécessité d'une sauvegarde

Le hat xoan est présent dans toute l'histoire du pays grâce à la conservation de la population. Les artistes âgés jouent un rôle crucial, car ils possèdent un trésor inestimable dans la connaissance de cet art folklorique. Dans la commune de Kim Duc, pays natal du chant xoan, on a fondé des clubs de hat xoan rassemblant pas moins de 200 membres de toutes générations. Outre le fait d'organiser des spectacles et des échanges, ces clubs dispensent également des cours de formation afin de transmettre cet art folklorique aux jeunes générations. La ville de Viêt Tri recense jusqu'à présent 6 clubs de chant xoan. Dans les temps à venir, nous généraliserons les airs xoan dans les écoles comme dans les quartiers de la ville, dit Lê Thi Huu Hop, vice-présidente du Comité populaire de la ville de Viêt Tri (province de Phu Tho).

Comme d'autres types d'arts folkloriques, le chant xoan est plus ou moins menacé de tomber dans l'oubli. Selon Nguyên Van Bang, vice-président du Comité populaire de la commune de Kim Duc, le nombre d'artistes a chuté par rapport aux années 1960. Certains airs xoan sont laissés à l'abandon ou réinterprétés sans se soucier de la partition originale. De plus, la transmission de cet art folklorique ne dépend que de la mémoire des personnes âgées ou des manuscrits, d'où des défauts inévitables. Les autorités communales s'intéressent de très près au développement du chant xoan. Pourtant, le budget réservé à ces activités reste limité en raison des difficultés économiques, toujours d'après M. Bang.

Le hat xoan est un patrimoine immatériel des paysans de la moyenne région de Phu Tho, mais aussi de tous les Vietnamiens. Avec ses valeurs historiques, culturelles et artistiques, cet art folklorique nécessite d'être sauvegardé pour qu'il puisse se perpétuer.

Fin mars 2010, le dossier du chant xoan de Phu Tho a été soumis à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture (UNESCO), pour que cet héritage soit classé dans la liste des patrimoines immatériels de l'humanité à préserver de manière urgente.
Le courrier du Vietnam