Le bouddhisme dans la vie spirituelle des Vietnamiens
Mettre à jour: 08 Novembre 2012
Des sons de cloche s’égrènent doucement dans des volutes bleutées d’encens qui ondoient dans l’air frais matinal. Trân Lan Anh, 35 ans, flâne autour de cette pagode au cœur de Hanoi. La quiétude du lieu invite les gens au repos, loin de la vie mouvementée et des soucis du quotidien.

 

"Mariée, j’accompagne souvent ma belle-mère qui vient faire ses prières à Bouddha à la pagode le premier et le 15e jour du mois", a expliqué la jeune femme qui ne se rendait jamais auparavant dans ces lieux de culte.

"Au fur et à mesure, ça devient une habitude. Et maintenant, à ces occasions, je prépare fleurs et encens et viens à la pagode prier pour la santé, la chance et la prospérité des membres de ma famille", a-t-elle encore confié.


La forte affluence dans des milliers de pagodes du pays est particulièrement sensible lors du printemps, la saison des voyages spirituels. Les Vietnamiens s’y rendent pour brûler des bâtonnets d'encens et prier pour la paix, le bonheur et la chance pour toute l’année.


Des millions de Vietnamiens, bien qu'ils ne fréquentent par régulièrement les pagodes, ont pris refuge dans l’Éveillé. Certains nouveaux nés sont ''vendus'' à Bouddha juste un mois après leur naissance car les Vietnamiens pensent que ce simulacre de vente leur apportera une bonne santé. Les morts ont aussi leur portrait placé sur les autels car par ce geste, leur âme ne sera plus errante et trouvera un refuge dans les pagodes.


Ainsi, le bouddhisme s’est implanté profondément dans la vie et la culture des Vietnamiens pour atteindre son apogée sous la dynastie des Ly (1009-1224) et des Trân (1225-1400), les deux dynasties féodales les plus stables dans l’histoire vietnamienne, et pour devenir une religion nationale jusqu’à ce jour. Le pays recense plus de 10 millions de personnes qui sont allés en refuge dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha; 45.000 bonzes et bonzesses, et 14.775 pagodes, monastères, instituts du bouddhisme...


Le Concile de réunification du bouddhisme est organisé le 14 novembre 1981 à Hanoi en présence de 126 représentants des sectes et courants bouddhiques vietnamiens. L’Eglise bouddhique du Vietnam (EBV) est ainsi fondée, adoptant comme principe : bouddhisme – nation – socialisme.


Au Vietnam, le bouddhisme et les croyances populaires sont intimement imbriqués. Ainsi, il est dans la tradition des Vietnamiens de faire le culte des génies dans les pagodons et des Déesses Mères dans des temples. Les quatre génies les plus vénérés au Vietnam sont ceux qui représentent les Nuages (Phât Phap Van), la Pluie (Phât Phap Vu), le Tonnerre (Phât Phap Lôi) et les Éclairs (Phât Phap Diên).


Il existe aussi des pagodes dites ''mixtes'' dédiées à la fois au culte de Bouddha et des génies ou au culte de Bouddha et des Déesses Mères. Parfois, dans une même pagode sont vénérés des génies, des saintes, des Déesses Mères et des héros nationaux !


Le bouddhisme vietnamien comprend trois sectes principales que sont le Thiên Tông (Dhy a na), le Tinh Dô Tông (Terre pure) et le Mât Tông ( Vajrayana )", a fait savoir le bonze supérieur Thich Minh Thanh, gérant de l’ancienne pagode Thang Nghiêm dans la commune de Cu Khe, district Thanh Oai, à 15 km du centre-ville de Hanoi.


" La première secte met l’accent sur la méditation au cours de laquelle toute préoccupation mentale et mauvaises pensées doivent être éloignées. La deuxième prêche l’indulgence, étudie le Dharma et récite régulièrement des textes dédiés au Bouddha A Di Da. Et la troisième, d’essence mystique, a recours aux sortilèges pour trouver le Salut ", a-t-il expliqué.


Le Mât Tông se divise en deux ordres: le Tây Mât, d’influence indienne, et le Dông Mât, de caractère vietnamien. Leur processus vers l’Éveil présente peu de différences. Citons aussi la secte zen Truc Lâm (Forêt de Bambou), très connue au Vietnam, fondée par le roi Trân Nhân Tông (1258-1308).


Vieille de 2.000 ans, la pagode Thang Nghiêm, berceau de trois stratèges de différentes dynasties et où le héros national Trân Quôc Tuân (1232-1300) avait passé 13 années d’enfance, enseigne chaque samedi la doctrine bouddhique, organise des activités comme libération d’oiseaux, lâcher de poissons, médecine traditionnelle.


Le bonze supérieur Thich Minh Thanh qui a mis en relief le rôle de la propagation de la foi dans le développement du bouddhisme, a estimé que celui qui s’en occupe "n’a pas peur de la pauvreté, refuse la vie fastueuse et veille sans cesse à la pureté du cœur et à la sérénité de son âme" .

AVI