Les marchands de sable du marché de Bà Hoa
Mettre à jour: 08 Septembre 2014
À Hô Chi Minh-Ville, le marché de Bà Hoa est moins connu que ceux de Bà Chiêu, Bà Hom, Bà Diêm. Mais, pour les habitants originaires de la région Quang, c’est une vraie caverne d’Ali Baba.

Le marché de Mme Hoa (Bà Hoa) se situe dans le 11e quartier de l’arrondissement de Tân Binh (Hô Chi Minh-Ville). Il se distingue par ses spécialités de la région Quang (qui regroupe les provinces de Quang Nam et Quang Ngai, au Centre), dont... du sable.

En 1960, Mme Hoa, domiciliée au carrefour Bay Hiên, arrondissement de Tân Binh, achète le droit d’exploitation d’une parcelle de terrain déserte pour construire des kiosques à louer. À l’époque, la plupart des habitants originaires de la région Quang sont concentrés autour de ce carrefour. Et leurs kiosques se mettent à vendre des marchandises caractéristiques de cette région. Au fil des années, le marché de Bà Hoa draine un nombre croissant d’habitants du Centre. Après la réunification nationale en 1975, il change de nom et devient «le marché du 11e quartier». Mais les habitants locaux continuent de l’appeler par son ancien nom, Bà Hoa.

Au marché de Bà Hoa, un habitant de Quang Nam, ou de Quang Ngai peut trouver n’importe quel plat de sa région d’origine : duong tan (sucre de canne cuit et divisé en pièces ovales de 3 centimètres de longueur et de moins d’un centimètre d’épaisseur), patates coupées en fils et séchées, keo guong (à base de sucre jaune en poudre, malt, sésame et cacahouète), toutes sortes de gâteaux à base de riz (banh tet, banh u, banh in, banh nâm, banh bèo), de mam ou salaison, dont mam cà (salaison de morelles de fruits ronds et petits), mam cai (salaison de poissons). Les habitants de Quang Nam, de Quang Ngai résidant à Hô Chi Minh-Ville se sentent ici comme chez eux.

Une des spécialités du marché, c’est le sable. Nguyên Thi Loi, une vendeuse, raconte : «Je suis née dans le district littoral de Nui Thành, province de Quang Nam. Puis j’ai suivi mes parents à Hô Chi Minh-Ville. Depuis longtemps, mes parents utilisent du sable de mon district natal pour remplir le brûle-parfum de l’autel des ancêtres. C’est aussi l’habitude de nombreuses familles originaires de Quang Nam».

Toujours selon cette femme, le sable est récolté dans l’estuaire de Truong Giang, une petite rivière de la province de Quang Nam. Elle ajoute que pour transporter un gros sac de Quang Nam à Hô Chi Minh-Ville en train, c’est assez coûteux. Les bénéfices à la revente ne sont guère élevés. Mais, les vendeurs du marché continuent d’en importer parce qu’ils considèrent cela comme une obligation vis-à-vis de toutes ces familles «déracinées». «Le sable symbole la terre natale, c’est une partie de ses ancêtres», confie Mme Loi.

Mme Tâm, une autre vendeuse, vit à Hô Chi Minh-Ville depuis 50 ans. «Quand je vivais dans ma province natale, le sable était omniprésent. Rien ne poussait dessus, alors on le regardait un peu avec antipathie. Mais quand je suis arrivé à Hô Chi Minh-Ville, le sable m’a manqué. C’est pourquoi, à chaque fois que je remonte dans le Centre, je rapporte un petit sac pour remplir le brule-parfum», partage-t-elle.

Bien que limité, le marché de Bà Hoa attire beaucoup des visiteurs, non seulement originaire du Centre mais aussi de tous les coins de Hô Chi Minh-Ville, voire des provinces voisines. Ce lieu contribue à enrichir la diversité culturelle de la mégapole du Sud.
 

AVI