Une campagne au centre-ville
Mettre à jour: 04 Février 2015
En fin de semaine, au lieu de flâner autour de sa maison étroite, la famille de Nguyên Công Hung, qui vit dans le 1er arrondissement, est arrivée, après 15 minutes de route, au Family Garden - Jardin de famille - pour y passer la journée.

Situé sur plus de 5.000 m2 dans la rue Thao Diên, dans le 2e arrondissement, la famille de Nguyên Công Hung y a trouvé un genre de loisir 100% campagnard en pleine ville, avec vergers et rizières tranquilles, éloignés du bruit urbain.

Un panier en plastique dans une main, un petit ciseau dans l’autre, la fillette Mai Kim Cuc, 6 ans, cherche avec hésitation à couper un concombre caché dans la verdure. “C’est fait !”, crie-t-elle, plaçant délicatement le concombre dans son panier. Puis, se tournant vers la rangée d’épinards de Malabar, avec l’aide de sa mère, elle récolte plusieurs plants.

Son front couvert de sueur, ses mains pleine de terre sableuse, mais le visage radieux, elle fait des va-et-vient entre les rangées d’épinards comme une vraie petite paysanne.

"Ah maman ! Voilà la plante qu’on appelle concombre !"

Cuc rie de plaisir avec sa mère lorsqu’elle découvre le concombre, “je croyais que le concombre poussait sur un arbre !”. Dans un autre angle plus en haut dans le jardin, là où un pont amène au lac, un couple montre du doigt une bande de canards se lissant les plumes pour susciter à leurs petits le désir de nager, un comportement typique chez les canards.

Tout semble si plongé dans la nature que c’est à peine si l’on ne reconnaît qu’il s’agit bien d’une ville que l’on voit au loin, avec ses bâtiments et ses quelques immeubles qui grattent le ciel.

Nguyên Thi Trâm Anh, la mère de Cuc, déclare que c’est la première fois qu’elle, son mari et sa fille viennent dans ce jardin. “Le week-end, parfois, je ne sais pas où emmener ma fille, mais ici, c’est un vrai plaisir. Ma fille découvre les légumes en terre, les fruits encore dans les arbres, et elle peut les récolter elle-même, c’est très intéressant pour elle. C’est aussi une excellente manière de prendre des leçons sur les plantes à partir d’un manuel scolaire qui trouve naturellement ses illustrations, vivantes, qui plus est”, partaga Mme Anh.

Après l’arrivée de quatre ou cinq familles, Thuy Dung, une employée du Family Garden, commence à réunir les petits de tous âges. Sur une petite table, au coeur de la nature rafraîchissante des derniers jours de l’année, Thuy Dung leur apprend des jeux. “Savez-vous le nom de ce fruit, de cette feuille ?”, “On s’en sert dans quel plat ?”, “Qui parmi vous peut me montrer, dans le jardin, quel fruit ressemble à celui qui se trouve dans le plat ?”

Tout en interrogeant, elle explique aux petits les noms et les moyens de distinguer les différents légumes plantés dans le jardin. Les petites mains se lèvent avec enthousiasme, et les réponses fusent. Suit ensuite la manière de préparer la terre, de semer et d’arroser. Tous les enfants, en pleine joie, veulent essayer. De leur côté, les parents encouragent leurs progénitures et les photographient dans leurs moments de plaisir comme d’innocence.

“Auparavant, alors que mes enfants étaient mornes, je leur ai donné mon Ipad pour jouer. Je pensais qu’ils étaient passifs car ils parlaient peu, mais depuis que je viens dans ce jardin, ils sont très actifs et très adroits aussi, et toute la famille a plus de temps pour discuter”, confie Lê Lâm, un père de deux enfants de 3 et de 5 ans.

Malgré la distance depuis le 8e arrondissement, chaque mois, M. Lâm emmène souvent ses enfants ici pour voir le maïs que sa famille a planté, attendant patiemment la récolte.

De l’idée à sa concrétisation

Selon Nguyên Quynh Trân, directrice du Family Garden, architecte de paysage de formation, un tel jardin demande un gros investissement. Au début, elle a acquis ce terrain dans le 2e arrondissement pour créer un petit jardin expérimental pour sa compagnie, mais permettant également de vendre des produits agricoles de sa terre natale, la province de Lâm Dông sur les hauts plateaux du Centre.

Mais devant les bonnes réactions des clients venant dans ce jardin, elle a décidé d’y ajouter des lacs, des chaumières, de la terre arable du district de Hoc Môn pour ouvrir gratuitement son jardin au public, les visiteurs ne devant payer que leurs achats de semences au moment des semailles, ou pour récolter leurs plantations. On peut aussi louer au mois une parcelle à titre personnel.

“En tant que concepteur, dès le début, j’ai été très attentive à l’architecture et à la disposition du jardin afin que tous les éléments soient en harmonie mais naturellement, comme à la campagne. Ce qui m’a le plus satisfait, c’est de creuser le lac. Son eau vient directement du fleuve Saigon. Grâce à lui, la température du jardin est toujours fraîche quand il fait chaud et, en plus, on peut y élever des poissons et des canards. Plusieurs clients réservent pour des banquets ou des anniversaires en cet espace tempéré, couvert par les étoiles la nuit et agréablement venté”, explique Mme Trân.

CVN