Les Lu, une des 54 ethnies de la nation vietnamienne, comptent quelque 3700 âmes qui vivent essentiellement dans les deux districts de Tam Duong et de Sin Hô (province de Lai Châu). Ils ont conservé jusqu’à présent leurs particularismes culturels.
Selon M. Tao Van Si, vice-président du Comité de la commune de Ban Hon, district de Tam Duong, où 90% de la population est d’ethnie Lu : «La commune de Ban Hon comprend 9 hameaux dont 8 des Lu et compte plus de 2000 habitants installés le long des cours d’eau ». Les Lu pratiquent depuis longtemps la riziculture irriguée. Les jeunes gens, quand ils sont mariés et s’établissent à part, sont aidés par les villageois qui leur fournissent des semences ou donnent un coup de main dans la maison. Les Lu vivent dans des maisons sur pilotis à double toit, celui de derrière étant plus court que celui de devant qui couvre l’escalier et le balcon.
Le tissage est le plus développé des métiers traditionnels des Lu. Devant son métier à tisser, Mme Lo Thi Noi, confie : « Selon la tradition, avant le mariage, la jeune fille Lu doit savoir broder et tisser des brocarts de thô câm. Elle exprime dans chaque pièce tout ses rêves, toute sa confiance à la tradition de son ethnie ». C’est pourquoi les costumes des Lu (pantalon d’homme, chemisiers, robe ou foulard…) ont des motifs décoratifs originaux. Les femmes Lu portent des chemisiers en coton teintés en noir avec des boutons d’argent ou d’aluminium sur le côté droit. Aux extrémités des manches sont brodés des motifs ondulants. Les femmes Lu se distinguent des autres par leur dentition teinte en noire, grâce à des matières végétales. Selon elles, plus les dents sont noires, plus elles sont belles et solides. Leurs bijoux sont variés avec des bracelets, colliers, pendentifs finement ciselés.
Les Lu font toujours grand cas de leur vie spirituelle, cela se voit à travers des cérémonies cultuelles originales, celle de Cam Muong par exemple. C’est l’occasion pour les Lu d’offrir des offrandes aux génies des fleuves, des ruisseaux, des montagnes, afin de solliciter leur protection pour une récolte abondante et de chasser les mauvais esprits. Après la cérémonie, les familles s’efforcent de créer de bonnes conditions à leurs enfants pour s’instruire et élever leur niveau culturel. La cérémonie terminée, tout le monde mange, boit et organise des jeux : tire à la corde, lancement d’hirondelles, chants à la flûte. Notamment il faut éviter d’entrer ou de sortir du hameau durant 3 à 9 jours. Ces jours-là, les enfants sont les plus heureux, car ils peuvent participer aux jeux traditionnels comme « Dragon couvrant ses œufs », « Lutte aux bras »… et les vieux leur racontent des légendes, des proverbes, des chansons populaires reflétant des pensées et sentiments, des expériences dans la production ou les bonnes conduites dans la société…
Selon Lê Van Kiêm, responsable de la Culture, du Sport et du Tourisme du district de Tam Duong : « L’identité culturelle, le mode de vie, les mœurs et coutumes des Lu sont restés presque intacts. La province de Lai Châu a récemment investi des centaines de millions de dôngs dans la construction d’une maison culturelle d’architecture traditionnelle, une maison sur pilotis, dans le hameau de Pa Pe, où se déroulent des activités culturelles et artistiques de cette communauté. Elle encourage en même temps ces communes à rassembler des artistes, à leur créer des conditions favorables, en vue de conserver et de valoriser la traditions Lu… ».