La pagode de Vinh Nghiêm, construite au début de la
dynastie des Ly (1010-1225), est considérée comme un véritable musée du
bouddhisme du Vietnam du Nord en raison des nombreux documents précieux qu’elle
abrite.
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Une ancienne gravure xylographique de sutra. |
Les plus remarquables sont un ensemble de 3050 gravures xylographiques
de sutras, en chinois et en Nôm.
Outre un lieu de culte, la pagode de Vinh Nghiêm a
aussi été un lieu de formation de nombreuses générations de moines bouddhistes
talentueux. La pagode abrite plus de 100 statues, 8 épitaphes, de nombreux
panneaux, sentences parallèles et objets de culte. Ses gravures xylographiques
de sutras et poèmes ont été réalisées à des périodes différentes par les moines
de l'école Zen Truc Lâm.
Les spécialistes se sont aperçus que ces planches de bois ont été sculptées par
des artisans des provinces de Bac Giang, Bac Ninh et Hai Duong, Ã partir de
bois de plaqueminier pris dans le jardin de la pagode. Ce bois est doux, lisse,
durable et facile à travailler. Il est rarement tordu ou fissuré. Les planches
de bois ont été sculptées en chinois ou en Nôm. Leur qualité exceptionnelle
montrent que les artisans, en plus d’être d'excellents sculpteurs, maîrisaient
le chinois et le Nôm.
En 1994, le Musée de la province de Hà Bac (aujourd'hui province de Bac Giang)
a effectué un inventaire complet de ce pratrimoine. Au total, 3050 gravures ont
été répertoriées, la plupart datant des XVIIe - XIXe siècles. Ce sont principalement
des sutras, des textes du Dharma ainsi que des poèmes et des journaux intimes
de moines. Ces gravures sont considérées comme un trésor national.
Leur dimension varie selon les types de sutras. La
plus grande fait plus de 1m de long et 40-50cm de large. La plus petite,
seulement 15 x 20cm. Leurs surfaces sont couvertes d’une couleur noire
brillante qui est l'encre d'impression, qui confère au bois une résistance aux
insectes xylophages et à l’humidité.
Ces gravures ont permis aux chercheurs de lever le voile sur certaines mystères
du passé, comme l'histoire du bouddhisme vietnamien, les sciences et les
techniques, la philosophie, la sociologie et la linguistique. Les linguistes
ont pu aussi mieux comprendre le processus de développement de l'écriture du
peuple vietnamien, en particulier le passage du chinois au Nôm (un type de
script pictographique créé par les Vietnamiens sur la base du chinois).
Les autorités compétentes ont élaboré des documents qui seront soumis Ã
l'UNESCO pour la reconnaissance de ces gravures xylographiques en tant que
«Patrimoine documentaire mondial». Espérons que, dans un proche avenir, ce
trésor sera réveillé et mis en valeur, après près de deux siècles de sommeil
dans la poussière du temps./.