Au-delà de la beauté de
son cadre naturel, Hue - l’une des anciennes capitales vietnamiennes - marque
aussi les esprits grâce à son histoire, une histoire plurimillénaire dont ses
habitants restent imprégnés. Selon Nguyễn Văn Cao, président du comité
populaire provincial, le centre de conservation des vestiges de Hue tiendrait
même un record national: celui du nombre de projets de restauration et de
préservation de patrimoine culturel.
Des
vestiges archéologiques de la culture de Sa Huỳnh qui remontent à 2.500 ans aux
vieilles pagodes typiques de l’architecture bouddhique vietnamienne, en passant
par des sites empreints de la culture de l’ancien royaume de Champa, on a du
mal à estimer toute la richesse des témoignages de l’histoire que la ville de
Hue a su préserver. Cette année, le centre de conservation des vestiges de Hue
mène pas moins d’une quinzaine de projets de restauration, notamment dans
l’ancienne cité impériale, classée au patrimoine mondial. Mais le grand sujet
d’actualité est certainement l’élaboration d’un dossier à soumettre à l’UNESCO:
la province de Thua Thien-Hue souhaite obtenir l’inscription au programme
“Mémoire du monde” de ses vestiges contenant des écritures anciennes. Phan Tiến
Dũng dirige le service provincial de la Culture, des Sports et du Tourisme :
“La
préservation du patrimoine culturel occupe une place centrale dans la stratégie
de développement de la province de Thua Thien-Hue qui ne ménage pas ses efforts
à cet effet. Au cours de ces 10 dernières années, nous avons déplacé 15 grandes
usines, dont certaines employaient plus de 2.000 ouvriers, en dehors de la cité
impériale. De nombreux habitants se sont par ailleurs portés volontaires pour
déménager dans le but de conserver les vestiges. Voilà une attitude qui mérite
tout notre respect.”
Le
nhã nhạc - musique de cour vietnamienne classé au patrimoine mondial - est sans
conteste l’un des grands symboles de Hue. Il fait actuellement l’objet de
plusieurs dizaines de projets de préservation menés par la province. Citons
entre autres l’installation d’un centre de recherches sur la culture
immatérielle de la région huéenne, l’amélioration des conditions de travail et
le perfectionnement du niveau des artistes pour le théâtre des arts
traditionnels de la cour de Hue ou encore la préparation de concerts d’échange
avec des troupes d’art royal d’autres pays comme la République de Corée ou le
Japon. Selon Ngô Hoà, vice-président du comité populaire de la province de Thua
Thien-Hue, depuis 2003, date à laquelle l’UNESCO a classé la musique de la cour
de Hue au patrimoine mondial, la province a pu collecter, préserver et
reproduire 30 recueils de musique rituelle, 40 morceaux de musique de
représentation, une vingtaine de danses de la cour et 3 anciennes pièces de
théâtre classique. On l’écoute:
“Depuis
2003, avec l’aide du gouvernement japonais et par le biais de l’UNESCO au
Vietnam, nous avons pu mettre en oeuvre un projet de formation à la musique de
cour vietnamienne. Ce premier projet nous a valu des compliments de l’UNESCO
qui y voit un moyen fabuleux de valoriser ce patrimoine immatériel. Nous sommes
absolument convaincus de la vitalité du nhã nhạc non seulement dans le coeur
des Huéens mais aussi des Vietnamiens et des étrangers.”
Le
centre de conservation des vestiges de Hue a organisé ces derniers temps une
série de visites de terrain dans la ville de Hue et dans les zones avoisinantes
pour rencontrer des artistes et des artisans qui avaient travaillé à la cour,
sous le règne du dernier roi de la dynastie Nguyen. Les chercheurs ont ainsi pu
collecter de nombreuses archives précieuses sur la musique, le théâtre et la
danse de la cour. Leur dossier contient désormais 250 pages qui présentent la
carrière des artistes et des artisans concernés, mais aussi des partitions
musicales, et tout cela sans compter 22 enregistrements audio et 45 DVD
reproduisant des techniques de représentation des artistes de la musique de la
cour de Hue.
Autrefois
exclusivement réservés à la cour, ces arts sont désormais accessibles au grand
public, et surtout aux habitants de Hue qui s’emploient corps et âme à leur
préservation. Car, en plus des sites historiques et culturels, c’est décidément
ce patrimoine immatériel qui fait la différence, et donc, l’attraction de Hue.