(TITC) - Les chants populaires Quan ho de Bac Ninh sont des chants
folkloriques des Kinh (Viet) du Delta du Fleuve Rouge, qui se concentre
principalement dans la région Kinh Bac (provinces de Bac Ninh et Bac Giang). Il
s’agit d’une sorte d'art composée par divers éléments : musique, lyrique,
parole, costume, festival... Les chants populaires Quan ho de Bac Ninh montrent
la relation soudée entre chanteurs (lien
anh) et chanteuses (lien chi).
Ils représentent la culture typique du peuple de la région Kinh Bac.
Possédant le plus grand nombre de mélodies parmi les genres de chants
folkloriques du trésor vietnamien en la matière, le Quan ho de Bac Ninh est
transmis de génération en génération par voie orale . Il est toujours chanté
volontairement par deux bọn (groupes),
un groupe masculin (bọn nam), un
groupe féminin (bọn nữ). Chaque
groupe comprend habituellement quatre à six personnes, lesquelles sont
désignées dans un ordre numérique, par exemple «deuxième sœur» ou «troisième
frère». Si le nombre dépasse sept ou huit personnes, celles-ci sont désignées
comme le sont les enfants d’une même famille, selon leur âge, par exemple «troisième
frère cadet» ou «quatrième sœur aînée».
Le Quan ho est chanté par groupe de deux ; dans
chaque groupe, une personne entonne l’air conducteur, l’autre, la partie
secondaire, les deux airs devant être en parfaite harmonie, au même timbre. On
peut citer quatre techniques de chant connues : vang (retenue), rền
(résonance), nền (tintement) et nảy (rebondissement), et quatre
principaux types : hát thờ (chant
rituel), hát hội (chant de fêtes ou
de rassemblements populaires), hát canh
(chant exécuté chez des particuliers) et hát
thi lấy giải (chant de compétition ou de concours, doté de prix ou de
récompenses). Le Quan ho comporte 213 variations mélodiques différentes et plus
de 400 paroles de chansons. Les paroles des chants Quan ho sont tirées de la
poésie populaire (ca dao) vietnamienne,
principalement des vers de 6 et de 8 syllabes, des vers de 6 et 8 syllabes
modifiés, des vers de 4 syllabes, ou des vers mixtes. Au point de vue paroles,
le texte principal est le noyau de la chanson, avec ses paroles de base, le
texte secondaire contenant des mots chevilles qui sont ajoutés aux mélodies,
tels que i hi, ư hư,et
a ha... pour donner au chant une plus grande fluidité, souplesse, et
musicalité.
Le Quan ho existe dans un milieu culturel qui a ses propres coutumes et
pratiques sociales, le jumelage des villages (tục kết chạ), par exemple. Dans la province de Bac Ninh, sur un
total de 44 villages Quan ho traditionnels, 33 ont fait l’objet d’un jumelage,
soit près de 80% du total. La coutume du jumelage se distingue de celle qui a
cours dans le delta du fleuve Rouge en ce sens qu’elle est liée à une
manifestation folklorique. Partant de cette coutume, le Quan họ a évolué et
gagné en popularité en étroite association avec une autre coutume : les
liens d’amitié entre les groupes (tục kết
bạn). Chaque groupe de village se lie d’amitié avec un groupe d’un autre
village, les groupes masculins se liant d’amitié avec les groupes féminins, et
vice versa. Dans le cas des villages jumelés, les hommes et les femmes qui font
partie des groupes venant de ces villages ne sont pas autorisés à se marier
entre eux.
Une caractéristique propre au Quan ho est le fait qu’il est enseigné et
transmis par le biais de la coutume des veillées (tục ngủ bọn). Les garçons et les filles de 9 à 16 ou 17 ans
s’invitent à tour de rôle, à passer la nuit chez ông/bà Trùm (Maître/Maîtresse) pour s’initier ensemble aux techniques de
ce style de chant. Les chanteurs et chanteuses combinent leurs voix en groupes
de deux et s‘exercent de manière à obtenir un timbre unifié pour la performance.
La gastronomie de Quan ho utilise le bétel et de noix d'arec en forme
d'aile de phoenix, du thé de Thai Nguyen. Dans le repas de Quan ho, il faut
utiliser le plateau
laqué rouge (mâm son)
qui est fait de bois et laqué en rouge pour exprimer l'émotion de l'hôte
pour les visiteurs. Les plats dans les repas dépendent de la coutume de chaque
village, mais doivent inclure une assiette de poulet, deux plaques de pâté de
viande pilée, viande de porc maigre, surtout pas de plats gras pour maintenir une
bonne voix.
Lorsque le Quan ho se
produit, les chanteurs et chanteuses Quan họ revêtent leur costume distinctif:
Le costume féminin comprend le nón
thúng quai thao (grand chapeau rond à mentonnière), un foulard enveloppant
la chevelure, une camisole, une tunique, une jupe et des foulards noués à la taille. Le costume
masculin comprend un turban, un parapluie, une chemise ou robe, y compris un
maillot de corps, une tunique longue faite en cinq pièces, un pantalon et des
babouches.
À 16h55 le 30 septembre 2009, à Abou Dabi, capitale des Émirats Arabes Unis, l'UNESCO a reconnu les chants
populaires Quan ho de Bac Ninh en tant que patrimoine culturel immatériel de
l'humanité pour sa valeur culturelle, la préservation de coutumes sociales, les
arts du spectacle, le style de contact, le lyrique et le costume. Le sphère
reconnu comprend 49 villages Quan ho traditionnels. 44 d’entre eux sont situés
actuellement dans la province de Bac Ninh: Bai Uyen, Due Dong, Ha Giang, Hoai
Thi, Hoai Trung, Lung Giang, Lung Son, Ngang Noi, Van Kham (district de Tiên
Du) ; Tam Son, Tieu (municipalité de Tu Son) ; Dong Mai, Dong Yen
(district de Yen Phong) ; Bo Son, Cham Khe, Co Me, Duong O, Dau Han, Dieu
Thon, Dong Xa, Do Xa, Hoa Dinh, Huu Chap, Kha Le, Khuc Toai, Nem Doai, Nem Son,
Nem Tien, Niem Xa, Phuc Son, Thanh Son, Thi Chung, Thi Cau, Tho Ninh, Thuong
Dong, Tra Xuyen, Ve An, Viem Xa, Xuan Ai, Dong Xuan, Xuân O, Xuan Vien, Y Na,
Yen Man (ville de Bac Ninh). Les 5 villages traditionnels restants sont situés
dans la province de Bac Giang: Gia Son, Huu Nghi, Noi Ninh, Mai Vu, et Sen Ho
(district de Viet Yen).
Le Quan ho de Bac Ninh
satisfait aux critères d’inscription sur la Liste
représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme
suit :
R.1 : Les
chants populaires Quan ho de Bac Ninh sont exécutés en diverses occasions,
telles que le culte des dieux protecteurs, les rituels de fertilité ou les
fêtes de villages, et sont reconnus et transmis par leurs communautés en tant
que symbole d’identité locale et régionale ;
R.2 :
L’inscription de l’élément sur la Liste représentative contribuerait à
améliorer la visibilité des traditions musicales et la prise de conscience de
leur importance aux niveaux local, national et international, encourageant
l’intégration sociale et renforçant la communication interrégionale, le
dialogue entre cultures et le respect de la diversité ;
R.3 : Un
ensemble de mesures de sauvegarde de grande envergure soutenues par
l’engagement de la communauté et des autorités locales est proposé pour assurer
la viabilité de l’élément, en particulier la création d’un centre culturel,
l’intégration des chants dans le programme scolaire local et la création d’une
association des artistes ;
R.4 :
L’élément a été identifié et proposé pour inscription selon une procédure qui a
largement associé à toutes les étapes les autorités locales et les communautés,
lesquelles ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé par
écrit ;
R.5 :
L’élément est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel vietnamien
administrée par l’Institut vietnamien de recherche sur la culture et les arts.
Phuong
Mai