Les chants populaires des Dao sont un des traits spécifiques de cette ethnie. Mais la vie moderne pèse une lourde menace sur sa pérennité si rien n’est fait pour leur préservation.
Il suffit d’évoquer l’ethnie Dao pour penser immédiatement à la cérémonie Câp sac (cérémonie initiatique de passage à l’âge adulte), aux noces, aux brocatelles et costumes originaux qui font l’identité de cette ethnie. Sans oublier, bien sûr, les chants Dao qui résonnent encore dans la province de Bac Giang. Chaque activité à ses chants - qu’il s’agisse du quotidien, des croyances, du travail - pour refléter et vanter les valeurs de la vie.
Le village de Mâu, dans la commune de Tuân Mâu, district de Son Dông, à moins de 100 km de la ville de Bac Giang, est entièrement peuplé de Dao. Il est considéré comme le patrimoine vivant des chants populaires de cette ethnie. «Les chants populaires de l’ethnie Dao comprennent les chants Pao Dung ou Pa Dung - essentiellement des berceuses -, les chants Giao duyên - des chants alterné entre un ou plusieurs jeunes hommes et femmes -, les chants pour se féliciter des rencontres et pour reconduire les visiteurs», informe Ban Thi Duyên, une habitante de ce village. Selon les anciennes croyances, les Dao ont recours aux chants Pao Dung lors des rites traditionnels comme la cérémonie Câp sac, le mariage et l’oblation à l’occasion du premier mois du nourrisson.
Un rôle indispensable dans la vie des Dao
À l’instar des chants des autres ethnies, le chant Pao Dung a été créé et s’inspire du quotidien et des sentiments des habitants d’ici. Ces chants exaltent l’amour de la vie, du travail, des couples, mais aussi les traits spécifiques de la culture Dao. Il existe différentes manières d’interpréter ces chants. Ceux de «tous les jours» laissent une grande place à l’improvisation, où les paroles s’adaptent au contexte ou à la situation. Pour les rites, la musique n’est plus la même, au sens propre comme au figuré. Les chansons doivent être apprises par cœur. Impossible alors de dévier de la partition. Pour les Dao en effet, la vie spirituelle est sacrée. Il est donc primordial de respecter les règles qui cadrent ces rites.
Autre différence, les chants du quotidien n’ont pas recours aux instruments. Tout se fait a capella. Alors que pour les rites importants, les cloches sont indispensables. Elles aident à donner le tempo et à rendre les paroles animées et excitantes.
Mais la vie moderne met à mal ces chants, que ce soit dans le village de Mâu ou plus largement dans la province de Bac Giang. À tel point qu’ils sont en danger de disparition. Au village de Mâu, seules quelques personnes âgées connaissent encore le répertoire complet du chant Pao Dung, transmis oralement. Sachant que ces chants jouent un rôle de ciment social chez les Dao, il est impératif d’ouvrir une classe afin d’enseigner aux jeunes de cette ethnie ce patrimoine oral pour ne pas qu’il tombe dans l’oubli. La balle est dans le camp des autorités, mais aussi des habitants.